Rare bijou de chevalier en diamants pour non-chrétien remis au vicomte Ichirō Motono (1862-1918), ambassadeur du Japon en Russie, le 16 octobre 1916 par le tsar Nicolas II de Russie (1896-1918)
ORDRE IMPÉRIAL DE SAINT ALEXANDRE NEVSKY
Rare bijou de chevalier en diamants pour non-chrétien remis au vicomte Ichirō Motono (1862-1918), ambassadeur du Japon en Russie, le 16 octobre 1916 par le tsar Nicolas II de Russie (1896-1918)
Bijou en or 56 zolotniks (583 millièmes) et vermeil 84 zolotniks (875 millièmes) en forme de croix de Malte à décor émaillé rouge translucide sur fond guilloché de grains de riz sur les deux faces, les angles décorés de quatre aigles impériales couronnées serties de diamants taille ancienne et taille roses. Les revers des aigles sont gravés au naturel. Le centre de l'avers est peint sur émail et figure l’aigle impériale de Russie à la place de la figure du Saint, dans un entourage serti de diamants. Le centre du revers est peint sur émail et représente le monogramme couronné de Saint Alexandre Nevsky. Cette singularité s’explique par la hâte dans laquelle ce bijou a été réalisé, en pleine Première Guerre Mondiale, normalement l’aigle impériale aurait dû figurer également au centre du revers. Manque la barrette de suspension (rapport de condition sur demande).
Orfèvre : Carl BLANK.
Hauteur (avec bélière) : 6 cm.
Largeur : 5,3 cm.
Poids brut : 39,7 g.
Provenance :
- Remis par le tsar Nicolas II de Russie (1896-1918) à Son Excellence Ichirō Motono (1862-1918), diplomate et ambassadeur du Japon en Russie, le 16 octobre 1916.
- Puis par descendance directe, collection privée, Paris
Décerné de 1725 à 1917, l’ordre est conçu par le tsar Pierre Ier de Russie qui avait l'intention de fonder un ordre militaire nommé en l'honneur du saint héros russe Alexandre Nevsky, prince de Novgorod (1220-1263), mais il décéda avant d'avoir pu le faire. Il avait fait transporter la dépouille de ce saint de Vladimir à Saint-Pétersbourg le 30 août 1724 et réinhumé à la Laure Saint-Alexandre-Nevsky, fondée à l'endroit où quelque 500 ans plus tôt, le 15 juillet 1240, Alexandre Nevsky avait mené ses troupes à la victoire sur les Suédois.
Peu de temps après sa mort en 1725, sa veuve, la Tsaritsa Catherine Ière de Russie, créa l'ordre avec un léger changement : c'était à la fois une récompense militaire et une récompense civile, d'une seule classe de chevaliers. Il est chronologiquement le troisième ordre russe après l’ordre de Saint-André et l’ordre de Sainte-Catherine.
L’ordre de Saint-Alexandre Nevsky eut pour modèle l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, un ordre honorifique créé par Louis XIV en avril 1693. Pierre le Grand eut le loisir de découvrir cet ordre français lors de sa visite à Louis XV le 10 mai 1717.
Il pouvait être décerné avec des épées croisées ou des diamants dans le cas de réalisations militaires exceptionnelles. Lorsqu'elle est sertie de "brillants", c'est le Tsar lui-même qui la décerne comme une marque particulière de sa satisfaction. D'ailleurs, à partir de 1908, c'est Nicolas II en personne qui décide seul de l'attribution des insignes en diamants pour cet ordre, comme l'a noté Ulla Tillander-Godenhielm dans son étude sur les récompenses impériales russes pendant le règne du tsar Nicolas II (voir ci-après).
Entre 1833 et 1913, seuls 330 sujets russes et 70 étrangers reçurent l'ordre de Saint Alexandre Nevsky avec diamants. Sous le règne de l'empereur Nicolas II (1894-1917), ce sont 83 étrangers qui furent décorés de l'ordre avec diamants, et parmi eux 22 non-chrétiens seulement reçurent les insignes particuliers « avec aigles » au centre à la place du Saint, qui depuis 1844 leur étaient réservés.
Dans le détail, ces 22 décorés furent 3 chefs d'état ou régents, 5 membres de familles royales, 3 premiers ministres, 5 ministres et ambassadeurs. Parmi eux 9 étaient japonais, 4 persans, 4 turcs, 2 chinois, 1 égyptien, 1 marocain et 1 siamois. Les 9 sujets japonais décorés étaient 4 membres de la famille impériale (trois en 1896, un en 1898), 2 premiers ministres (1901 et 1911), un président du conseil privé (1916), un gouverneur de Corée (1916) et enfin le vicomte Morono, ambassadeur du Japon en Russie en 1916.