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Christophe FRATIN- 1801-1864

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L’humour comme une poésie

 

Le poète et critique britannique Samuel Taylor Coleridge affirma[1] que "L'essence de l'humour est la sensibilité". Christophe Fratin incarne cette idée sur la fin de sa carrière, laquelle est déjà à son acmé lorsqu'il présente au Salon de 1836 son Rhinocéros combattant un tigre.  Sa production industrielle - et hors des milieux officiels - est en effet à l’origine d’un fabuleux bestiaire, où l’humour tendre le dispute à l’anthropomorphisme.

Né à Metz en 1801, Christophe Fratin apprends d’abord le dessin  à l’École gratuite de la ville avant de se rendre à Paris pour apprendre auprès de Vernet et, surtout, de Géricault. A partir de 1831, il expose régulièrement des sculptures – alors de grandes dimensions, ambitieuses et rigoureuses - au Salon. La critique le présente alors souvent comme le « rival redoutable » de Barye avec qui il partage vision Romantique et représentation de l’animal.

Fratin précèdera cependant Barye dans la logique industrielle appliquée à la sculpture, avec toutefois la même visée : offrir à une bourgeoisie avide de légitimation sociale des objets d’art témoignant de sa sensibilité artistique. Ainsi et dès 1837, Fratin diffuse largement ses modèles d’animaux anthropomorphisés dans des poses humoristiques et imprégnées des comédies de La Fontaine.

Il s’associe pour cela à  Eugène Quesnel, dont le procédé de la fonte au sable assure un rendu solide et une reproduction fidèle. "Pour le travail du fondeur aussi bien que pour celui de l'artiste, ces petits groupes, pleins de naturel et de vérité n'ont guère de comparaison à redouter"(l'Artiste, tome X, p. 232)

Parmi les animaux récurent de la statuaire de Fratin, on retrouve l’ours et le singe. On se rappelle le mot, rapporté par Diderot, du cardinal de Polignac face à un orang-outang du Jardin des Plantes : "Parle et je te baptise !" Sans doute fut-il sidéré par la ressemblance.

C'est peut-être l'influence du romantisme de Gericault qui perdure dans la forme expressive et la finition presque déchirée de l'œuvre de Fratin et qui rend son style si distinctif. Fratin occupe une place importante parmi ‘Les Animaliers’. Son style est unique et distinctif, avec une attention portée à la texture de la surface et une moindre importance aux détails anatomiques. Sa technique de modélisation libre et sommaire illustre avec talent son esprit imaginatif et son sens de l'humour, qu’illustrent particulièrement ses représentations anthropomorphiques d’ours et de singes.

Il a modelé plus de cinquante ours dans une variété de poses et d'activités humaines. Cependant, l’ours n’a pas occupé une place importante dans la mode de l’anthropomorphisme, ni dans l’art du XIXe siècle en général, car il était perçu comme un sujet plutôt ludique et humoristique. En décrivant l'ours pendant cette période, Fratin a évité les conventions du Salon pour décrire des sujets animaux nobles, dignes et nobles. Les sculptures de ses ours sont maintenant des objets de collection et témoignent de son humour satirique et de ses talents de modélistes.

 


[1] selon Thomas Allsop dans ses « Lettres et Conversations de S.T. Coleridge», 1836.

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