En février 1921, le quotidien L’Intransigeant signalait à ses lecteurs l’association du décorateur et critique d’art Marcel Genevrière avec le dessinateur André Domin sous le nom de DOMINIQUE.
Créée autour de la recherche d’un style qui serait celui d’une époque et de sa nouvelle classe aisée, la maison poursuivra un double effort : réconcilier l’industrie et l’art à destination des classes moyenne, et encourager une élite à les soutenir en proposant du mobilier luxueux et répondant aux exigences fonctionnelles de la modernité.
Ces aspirations sont affirmées dans la brochure publicitaire de la maison DOMINIQUE qui affirme en 1922 : "Tout objet utile peut être traité en beauté." Au Salon des Artistes Décorateurs de cette même année, ils exposent, pour la première fois du mobilier dont le luxe discret et la délicatesse sont immédiatement remarqués : "deux artistes meubliers se sont brillamment révélés (…) ce sont deux noms qu’on retiendra".
Poursuivant leur volonté de créer des effets décoratifs nouveaux et un vocabulaire plastique propre, DOMINIQUE se classe parmi les avant-gardistes lors de l’Exposition des Arts Décoratifs de 1925.
La maison y expose en effet des meubles et objets épurés, où la sobriété des lignes et des surfaces est sublimée par des matières raffinées comme les placages de ronces et de bois précieux, ou l’ivoire. Méprisant l'outrance décorative, les meubles de DOMINIQUE marquent par une simplicité éclairée et un goût de la mesure et de la discrétion qui n’oublie pas pour autant les recherches modernes de la fonctionnalité.
Fort de la réputation acquise à l’occasion de l’Exposition, la maison DOMINIQUE entreprend par la suite de poursuivre encore la simplification formelle et le fonctionnalisme de ses meubles. Pour ce faire, André Domin se rapproche en 1926 de quatre artistes avec qui il s’est découverts des affinités et forme avec eux le "Groupe des Cinq", pour exposer des ensembles audacieux et cohérents et s’obliger mutuellement à innover.
Exposant régulièrement aux seins des divers Salons et participant aux décors de différents pièces de théâtre, DOMINIQUE poursuit toujours plus l’affirmation de son style, celui d’une tradition française rajeunie par des audaces nouvelles. Parmi ces dernières, notamment, on peut citer l’idée de recouvrir entièrement certains meubles de parchemin ou de galuchat, alliant ainsi préoccupation de résistance (comparativement aux placages de bois) et d’esthétique avec un décor reposant sur les seuls effets des matières précieuses. Quant aux lignes de la maison, elles sont droites bien sûr, mais toujours assouplies de doucines, d’arrondis ou de moulures d’encadrement.
En 1929, le "Groupe des Cinq" se sépare, notamment car Domin et Genevrière ne se retrouvent pas dans le rejet du décor exprimé par leurs camarades. DOMINIQUE déménage la même année, pour ouvrir une grande boutique proche de la Place de l’Étoile. Dans ce nouvel espace prestigieux du XVIe arrondissement la maison prospère, et son mobilier sobre et élégant irrigue les intérieurs des Années 30, dont il embrasse les besoins et les modes de vie. Qu’il s’agisse de meubles ou de luminaires, en effet, DOMINIQUE réalise toujours une forme de rationalisation de l’élégance et de moderne efficacité, qui leur assure une clientèle fidèle et un succès critique constant comme ce critique écrivant : "Je ne connais pas d'esprits plus libérés et plus neufs que A. Domin et M. Genevrière qui, depuis plus de dix ans, sous le signe de "Dominique" ont tracé pour une large part, les directives du mouvement d'Art Décoratif Moderne."
Ainsi, de l'Exposition Coloniale de Paris et des aménagements pour le luxueux paquebot Normandie en 1931 jusqu’au Salon des Artistes Décorateurs de Bruxelles en 1937, DOMINIQUE traverse les Années 30 comme un véritable ambassadeur du goût français. Cette place à part parmi les grands noms des Arts Décoratifs contemporain vaut à la maison de remporter, en 1947 une prestigieuse commande du gouvernement français pour concevoir du mobilier pour le palais de l'Élysée.
André Domin quitte la maison Dominique en 1953 et la confie à son fils Alain (qui en assurera la direction). Il s’éteint en 1962 et son complice Marcel Genevrière en 1967. Pendant plus de quarante ans, leurs idées et leur vision commune ont rénovées les Arts Décoratifs français tout en portant haut l’héritage de leurs prédécesseurs. Leur conception de l’aménagement intérieur est celle de l’harmonie entre une architecture aux proportions choisies et une exécution toujours parfaite, sobre et sans outrance décorative. La maison DOMINIQUE continue ainsi d’incarner ces mots de Maurice Genevrière "ne soyons pas prisonniers de théories trop sûres d'elles-mêmes, n’envisageons pas un meuble comme une abstraction pure, mais dans ses rapports avec la vie, la vie affective, la vie spirituelle, la vie sensuelle, dont les fines relations échappent aux plus rigoureux calculs."