Gérard Charruau fabrique son paysage, sa vision, dans un geste esthétique de recouvrement subtil, de mise à distance, que constitue ce filtre de papier végétal qu'il maroufle sur ses toiles en un fin grillage. Ce papier à l'usage initialement trivial, devient ici le comble du raffinement, créant un trouble comme une brume autour de la vision. Alors cet écran diaphane contribue à suggérer la sensation d'un souvenir, l'impression d'un vécu, une image mémorielle. Ou encore la délicatesse de ces visions estompées active notre imaginaire, cette puissante" fonction de l'irréel", et engendre des rencontres émotionnelles, avec le peintre autant qu'avec le paysage qui se révèle sous nos yeux.