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Léonard Agathon

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"M. Agathon Léonard fait correspondre sans difficulté le caractère et le sentiment, ces deux pôles antagonistes de la statuaire."[1]

 

Léonard Agathon Van Weydeveldt naît en 1941, de parents belges installés à Lilles. Après des études à l'Académie des Beaux-Arts de sa ville natale, puis à l'École des Beaux-Arts de Paris, le jeune homme gagne sa vie en travaillant comme praticien entre 1861 et 1869 (pour Carpeaux et Delaplanche notamment). Il se concentre ensuite sur sa propre pratique et présente au public une première sculpture – "L’Enfant et Bacchus" – en 1869. Le jeune artiste fait alors le choix du pseudonyme Agathon Léonard, plus "facile d’emploi" que son patronyme belge et qui évoque celui du génial créateur de la Renaissance italienne.

En mai 1887, Agathon Léonard obtient la naturalisation française, ce qui lui permet de rejoindre la Société des Artistes Français. Puis, à l’Exposition Universelle de Paris de 1889, il expose trois œuvres, reçoit une médaille d’argent, et voit un de ses modèles (le plâtre d’"Hébé") acheté par l’Etat.

Au printemps 1896, Léonard quitte la Société des Artistes Français pour rejoindre la Société Nationale des Beaux-Arts. L’année suivante, il présente au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts "dix maquettes représentant le Jeu des écharpes", des sculptures en terre cuite destinées à la décoration d'un "foyer de danse". Ébloui par l’harmonie et le dynamise des modèles, Alexandre Sandier – nouveau Directeur depuis un an de la Manufacture Nationale de Sèvres – prend contact avec Léonard et lui demande de modifier ses figures pour les adapter à un surtout de table.

En rupture profonde avec la tradition héritée du XVIIIe siècle, toujours en vogue dans la production de Sèvres, ce surtout baptisé "Jeu de l’écharpe" introduit une nouvelle esthétique, celle des courbes fluides et de l’arabesques. C’est en sens que l’ensemble est vu aujourd’hui comme étant emblématique de l'Art Nouveau. Le modèle fait par ailleurs le triomphe critique et commercial d’Agathon Léonard à l’Exposition Universelle de 1900, où il reçoit une médaille d’or. Le succès est tel que six des modèles du "Jeu de l’écharpe" sont édités en bronze par Susse l’année suivante, ravissant les visiteurs du Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de 1901. Trois autres danseuses suivront en 1902, avant que l’Etat ne lui achète le buste "Sortie des Vêpres " en 1905 et qu’il ne reçoive en 1906 le Grand Prix des Arts Décoratifs à l’Exposition Internationale de Milan.

L’artiste continuera à exposer, créer et recevoir des prix jusqu’à sa mort en 1923. 

Presque exclusivement féminine, sa statuaire décline des inspirations antiques et moyenâgeuse autour de thèmes moraux et allégoriques qui séduisirent la bourgeoisie de son temps. D’une humilité et d’une constance stylistique et thématique qui confinaient à l’obstination, Agathon Léonard aura réussi par quelques idées et œuvres originales à se rendre célèbre de son vivant dans un contexte d’intense concurrence industrielle et commerciale. Un critique[2] l’écrivait alors que l’artiste sculptait depuis déjà près de 30 ans : "M. Agathon Léonard - à qui l'apprendrons-nous ? - est artiste dans l'âme et jusqu'au bout des doigts." Faisant figure de jalon dans l’histoire de la sculpture française, Agathon Léonard est de ceux qui l’auront rapproché de l'orfèvrerie, la réintroduisant ce faisant dans la vie contemporaine. 


[1] Eugène Plouchart in Le Grand Écho du Nord de la France, du 1er juin 1899.

[2] Marc Legrand in L'Art Méridional : beaux-arts - littérature numéro 103 du 1er juillet 1898, page 120

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