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Mateo HERNANDEZ- 1885-1949

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"Par l'animal il pénètre les secrets de la psychologie de l'homme : il se révèle admirable portraitiste car les sensations de l'animal lui sont familières."[1]

 

Mateo Hernandez naît en 1885 à Béjar, dans la province espagnole de Salamanque. Il fait d’abord un apprentissage de tailleur de pierre auprès de son père, où il acquiert une grande maitrise technique tout en s’intéressant beaucoup au monde animal. Des témoignages affirment ainsi que dès l’âge de 7 ans ans il gravait des dessins d’animaux, tandis qu’il s’adonna également – plus tard - à la Tauromachie. Par la suite, Hernandez étudie à l’Université de Salamanque à partir de 1906, avant de recevoir une bourse d’étude pour entrer à l’Ecole des Beaux-Arts de Madrid en 1908.  Si la formation le déçoit, il y fait la rencontre de l’œuvre de Rodin, qui le décide à quitter son Espagne natale en 1910 pour tenter de rencontrer le maître à Paris. La rencontre ne se fera jamais mais Hernandez est désormais Parisien et apporte à la scène artistique de la capitale sa fierté castillane et toute la richesse de son monde en gestation.

En 1913, Hernandez fait la rencontre de Fernande, une institutrice qui deviendra sa compagne pour la vie et lui permettra, par son salaire, de se consacrer à la sculpture, la taille directe sur pierre dure. Difficile, hasardeuse et chronophage, la manière de l’artiste sera décrite avec brio[2] comme suit : 

"Il a devant lui un bloc informe, le plus dur qu'il a pu trouver : diorite ou granit. (...) A grands coups, il attaque la matière, afin de la dégrossir. Mais ne cherchez sur la pierre la moindre indication. Ni avec une pointe, ni d'aucune sorte, aucun signe n'y est racé. Rien n'indique la place des masses principales. Dès qu'il commence, l'artiste sait où il va. Il voit l'animal terminé sous la gangue qui le recouvre. Il ignore toute hésitation." 

Quelle que soit la matière retenue[3] donc, la technique de Mateo Hernandez est toujours la même qui consiste à la dégrossir au marteau et sans points de repère, achevant les détails au ciseau. Le rendu de la matière a chez lui une place importante, ses volumes se définissant également par le jeu subtil et délicat qu’il instaure entre matière brute et polissage.

Cet art prométhéen ne va pas, bien sûr, sans l’étude préalable des modèles par une étude rigoureuse, notamment le croquis sur le vif dans les parcs animaliers. Hernandez est en effet et également un excellent dessinateur. Il "trace au stylographe, à la sépia, telle ou telle silhouette, sa flânerie est créatrice au même titre que son labeur d'artisan. Son esprit élabore avant que sa exécute. Il compose, il choisit."[4] Il est intéressant de constater que dès cette étape l’artiste propose une sorte d’archétype universel de ses modèles, ses dessins traduisant à merveille le hiératisme naturel du monde animal[5].

A partir de 1919 et en toute indépendance, Hernandez expose régulièrement aux Salons d’Automne, des Indépendants et des Tuileries. C’est durant ces évènement qu’il vend ses œuvres, presque exclusivement animalières, parfois à des collectionneurs aussi importants que le Baron Rothschild qui lui achète une Panthère au Salon d’Automne de 1920. En 1925, Hernandez participe à l’Exposition des Arts Décoratifs de Paris avec sa Panthère de Java, obtenant le Grand Prix de la Sculpture. L’artiste est alors célébré dans toute l’Europe pour sa technique rare et sa vision unique. En 1928, il s’installe à Meudon où il se crée sa propre ménagerie pour étudier à loisir ses modèles favoris. S’il ne participe pas au Groupe des Douze (n’étant pas français) Hernandez exposera cependant avec eux à la Galerie Brandt et participera également à de nombreuse exposition parisienne, notamment L’Art Espagnol Contemporain en 1936.

En 1927, une rétrospective à Madrid le fait connaitre en Espagne et en 1928, une rétrospective au Musée des Arts Décoratifs de Paris consacre sa notoriété. Mateo Hernandez peut alors acquérir une propriété à Meudon, où il se créé un zoo privé pour mieux observer ses modèles préférés. Il y demeure durant toute la Seconde Guerre mondiale, continuant à créer – souvent en extérieur - en suivant une manière si exigeante qu’elle finira par l’épuiser, l’artiste s’éteignant en 1949, à l’âge de 64 ans. 

A l’issu d’une carrière jalonnée de pièces uniques, l’épitaphe de Mateo Hernandez pourrait être ainsi rédigée :

"Ses ouvrages sont poussés à leur point extrême de stylisation, d'équilibre plastique et en même temps pleins de vie et de respiration. On ne sait par quel prestige des animaux d'une beauté aussi parfaite, presque générale et abstraite, paraissent en même temps soumis à l'élément où ils vivent, ruisselants d'air ou d'eau"[6].

 


[1] René-Jean in "Un sculpteur de pierres dures", Art et décoration, octobre 1924, page 116

[2] Ibid, page 107

[3] Hernandez taillera également le marbre et le bois

[4] Ibid, page 111

[5] à cet égard on peut souligner les superbes lithographies illustrant Esope, qu’il réalise en 1934.

[6] J.C in "La Sculpture", Art et décoration, janvier 1934, page 452

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