ORLAN, née le 30 mai 1947 à Saint-Étienne, est une artiste plasticienne française de renommée internationale. Elle vit et travaille entre Paris, New York et Los Angeles. Le choix d’écrire son nom en lettres capitales reflète son refus des normes et des conventions, et affirme une posture radicale face à l’institution artistique.
Dès les années 1960, ORLAN développe une œuvre engagée, centrée sur le corps, en particulier le corps féminin, comme lieu d’expression, de domination et de résistance. Elle s’intéresse aux pressions politiques, religieuses et sociales qui pèsent sur lui, et inscrit son travail dans une démarche féministe critique, dénonçant les violences symboliques et physiques infligées aux femmes.
En 1977, lors de la FIAC à Paris, elle marque les esprits avec la performance « Le Baiser de l’Artiste », au cours de laquelle elle s’installe derrière un automate à son effigie et propose aux visiteurs d’acheter un baiser pour cinq francs. Par cette mise en scène directe et provocatrice, elle questionne la marchandisation du corps et les représentations genrées dans l’espace artistique.
Entre 1990 et 1993, ORLAN entame une série de neuf opérations chirurgicales-performances intitulée « La Réincarnation de Sainte Orlan ». Elle fait modifier son visage en empruntant les traits de figures féminines issues de l’histoire de l’art occidental, telles que la Vénus de Botticelli ou la Joconde de Léonard de Vinci. Ces interventions, dont certaines sont diffusées en direct dans des musées, sont pensées comme des actes artistiques en soi, visant à subvertir les canons esthétiques et à interroger l’identité.
En 1993, l’une de ces performances, « Omniprésence », la montre recevant des implants faciaux créant deux excroissances symétriques au niveau des tempes. Cette image devient emblématique de son œuvre, entre revendication de liberté corporelle et critique du pouvoir des normes.
Dans les années 1990 et 2000, elle développe la série des « Self-Hybridations », dans laquelle elle fusionne numériquement son visage avec des visages issus de cultures non occidentales. Ce travail explore les thèmes du métissage, de la construction identitaire et de la critique de l’ethnocentrisme.
Pionnière dans l’utilisation des technologies numériques, ORLAN lance dès 1982 un magazine d’art en ligne sur minitel, et s’empare plus tard des biotechnologies pour créer des œuvres mêlant art, science et vivant, comme « Le Manteau d’Arlequin », constitué de cellules humaines et animales.
Son œuvre, à la fois subversive, intellectuelle et profondément incarnée, a été saluée par de nombreuses distinctions. Elle a reçu des prix internationaux pour son engagement et son influence dans le champ de l’art contemporain, et ses œuvres ont été exposées dans les plus grandes institutions à travers le monde.