"Vita per ignem"[1]
Paul Lœwenguth (qui prendra plus tard le pseudonyme de Paul Jeanneney) né à Strasbourg le 6 aout 1881. Après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur à l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures de Paris, il rentre à Strasbourg entre 1885 et 1889. L’on suppose que c’est sur cette période qu’il fait sa formation artistique puisque de retour à Paris en 1889 il s’installe à la Cité Fleuri du boulevard Arago, refuge de nombreux artistes modernes parmi lesquels il rencontrera Jean Carriès[2]
D’extraction bourgeoise, Jeanneney bénéficie d’une situation confortable et collectionne les poteries extrême-orientales, qu’il expose dans sa demeure laissée ouverte aux artistes du quartier. Carriès notamment l’étudiera souvent pour y comparer ses travaux. Les deux hommes se lieront ainsi d’amitié et Jeanneney suivra son camarade lorsque ce dernier s'installe à Montriveau, sur la commune d'Arquian à quelques kilomètres de Saint Amand en Puisaye.
Un an après le décès prématuré de Carriès, en 1895, Jeanneney se lance à son tour dans la production de céramiques et achète en 1898 le château de Saint-Amand-en-Puisaye avant de se déclarer "maître potier". Ayant une solide formation en minéralogie et en chimie, Jeanneney développe alors une palette de couleurs et de textures singulières, qui différencient son travail de celui d’autres céramistes de "l’Ecole de Carriès". Très lié à l’abbé Pierre Pacton, Jeanneney se prête avec lui à des fouilles pour étudier les céramiques antiques, tout en s’intéressant aux productions de grès traditionnelles et domestiques. Des formes sculpturales et avant-gardistes couplées à des influences extrême-orientales et des motifs organiques inspirés de l’Art Nouveau sont quelques-unes des caractéristiques les plus distinctives du travail de céramiste de Paul Jeanneney.
Gagnant en popularité par son travail et sa personnalité singulière, Jeanneney aura la faveur de certains des artistes les plus acclamés de son temps avec qui il sera appelé à collaborer. Avec Rodin notamment il réalise une sculpture en grès de la Tête de Balzac, qui sera présentée et récompensée en 1904 à l’Exposition Universelle de Saint Louis.
Au crépuscule d’une vie et d’une carrière indépendante et libre, l’artiste décède le 13 aout 1920 en son Château de Saint Amand en Puisaye, auréolé par ses qualités techniques et artistiques comme le digne successeur de Carriès et un des acteurs majeurs du renouvellement de l'art céramique du début du Xxe siècle.