VENTE MASTERS 24 OCTOBRE
Comme chaque année depuis sa création, il y a trois ans, le seul département français dédié à l’Ecole de Paris organise deux ventes Masters. Dans la vente du 24 octobre, retenons deux œuvres caractéristiques de ces artistes venus de loin pour exercer en toute liberté leur Art à Paris, capitale de la Création de 1900 aux années 1920.
L’Ecole de Paris : l’école sans école
Le terme « Ecole de Paris » naît sous la plume du critique d'Art André Warnod dans l'article "L'Etat et l'art vivant" paru dans le journal Comoedia le 4 janvier 1925. Il désigne la présence d'un ensemble d'artistes étrangers venus s'installer à Paris dès les années 1890 et jusque dans les années 1940.
La plupart d’entre eux viennent des pays d’Europe centrale pour pouvoir laisser libre cours à leur inspiration. Les plus célèbres sont Chaim Soutine, Marc Chagall, Moïse Kisling, Wladislaw Slewinski … Mais toutes les nationalités sont représentées dans ce courant qui est multi-facettes et se veut justement non académique. Modigliani vient d’Italie, Picasso vient d’Espagne et Foujita du Japon. Le lieu d’effervescence artistique de ces peintres : Montparnasse, où ils se rencontrent, tentent de diner à la Rotonde, côtoient les marchands et se jalousent même leurs modèles.
Maurice Mendjizky et Henri Hayden incarnent deux courants représentatifs de cette Ecole sans école qui a ouvert le champ de l’Art moderne.
Nu-Kiki de Montparnasse
Maurice MENDJIZKY – 1920
La muse de l’Ecole de Paris puis de Man Ray
Maurice Mendjizky est né à Lodz en Pologne en 1890. Il est issu d’une famille modeste, son père est ferblantier. Financé par un mécène, il rejoint l’Ecole des Beaux-Arts à Paris en 1906, auprès de Fernand Cormon. D ’un tempérament indépendant il quitte l’École des Beaux- Arts, autre point commun de plusieurs artistes de l’Ecole de Paris. Le peintre est également proche de Modigliani et Soutine.
C’est après la première guerre où il fût blessé, qu’il partage une idylle avec Kiki de Montparnasse, née Alice Prin, modèle des peintres les plus connus à Montparnasse : elle pose entre autres pour Modigliani, Kisling et Foujita.
De 1918 à 1921, plusieurs portraits de la main de son amant sont connus et trois nus sont recensés : l’un est conservé dans un musée privé, deux sont conservés dans des collections particulières.
L’intimité se lit dans le cadrage rapproché choisi et dans le travail exceptionnel réalisé sur la carnation. Le modèle regarde le peintre de manière frontale, la main droite rapprochée de ses cheveux, Kiki tient la pose pour son amant.
Maurice MENDJIZKY (1890 Lodz-1951 Saint-Paul-de-Vence)
Nu – Kiki de Montparnasse
Réalisé en 1920 Huile sur toile 81 x 57 cm
Signé et daté en haut à gauche "Mendjizky 20"
Estimation : 15/20.000€
A la fin de l’année 1921 Kiki quitte l’artiste pour devenir la maîtresse de Man Ray et accepter que son image ne soit plus peinte mais reproduite par la Photographie. C’est ainsi que Alice Prin devint le sujet d’une des plus célèbres photographies de l’histoire de l’Art : le Violon d’Ingres par Man ray en 1924
Après cette séparation, Maurice Mendjizky quitte Paris pour le Midi de la France, où il se rapprochera de Léon Weissberg et de Picasso à Saint Paul de Vence.
Paysage méditerranéen
Henri HAYDEN - 1921
Entre cubisme et réalisme
Henri Hayden naît à Varsovie en 1883 dans une famille de commerçants. À partir de 1902, il étudie à l’université technique de Varsovie et à l’école des Beaux-Arts. Henri Hayden s’installe à Paris en 1907 dans un atelier situé Boulevard Saint Michel et étudie à l’académie « La Palette ». À partir de 1909, le peintre se rend régulièrement en Bretagne, à Pont-Aven et au Pouldu où il rencontre son ainé Wladyslaw Slewinski. A partir de 1914, il fréquente les cubistes, Pablo Picasso, Juan Gris et Jean Metzinger..
Les premières œuvres du peintre sont influencées par les recherches sur le synthétisme des peintres de Pont-Aven, de Gauguin et par la pratique de Wladyslaw Slewinski. Il s’oriente ensuite vers l’expérience cubiste avec des textures contrastées et du collage. L’œuvre présentée ici, s’inscrit dans la période qui vient à la suite de la Première Guerre mondiale qui révèle une forme post-cubiste.
Ce paysage méditerranéen, inspiré de ses voyages entre Cassis et le Lavandou, est un très bel exemple de son style entre cubisme et réalisme, du début des années 1920.
Henri HAYDEN (Varsovie 1883-Paris 1970)
Paysage méditerranéen
Réalisé en 1921 Huile sur toile 66 x 92 cm
Signé en bas à droite "Hayden". Consigné au dos "H. Hayden", titré "III" et daté « 1921 »
Estimation : 20-30.000€