Les premiers bureaux plats apparaissent durant la seconde moitié du XVIIe siècle, dont le plus célèbre reste sans doute le bureau Mazarin, ancêtre du bureau ministre.

Le bureau plat est constitué d’une écritoire ou d’un plateau rectangulaire posé sur un piètement. Son style et son apparence évoluent au fil des époques. Des coffres, des étagères ou des tiroirs viennent s’incruster en dessous du plateau.

Les ébénistes ajoutent aussi des détails sur le plateau en bois, se servant du placage, du moulage, de la ciselure et d’autres techniques qu’ils perfectionnent au fil des années.

Le bois d’ébène et le noyer se voient orner de plaques de bronze, de sublimes marqueteries Boulle, des dorures et du bronze réalisé par des maîtres bronziers parfois avec de grands noms.

Le bureau ancien est un bureau créé entre le XVIIème siècle et la fin du XIXème siècle. Les grands sont par exemple : Boulle, Cucci, Hache, Cressent, Oeben, BVRB, Joubert, Riesener, Carlin, Sheraton, Roentgen, Maggiolini, Weisweiler, Langlois, Dubois, Lannuier, Desmalter, Sormani, Leleu, … 

Si les bureaux les plus simples se trouvent aux enchères dès 100 euros, les bureaux les plus travaillés et aboutis peuvent obtenir des sommes records.  

Formellement, le bureau présente un plateau permettant l’écriture. La surface de travail est généralement apparente. Des ébénistes comme Bernard II Van Risamburgh apportent toutefois une évolution pratique, en cachant le plateau dans un volet rabattable. On retrouve ce mécanisme dans les bureaux dos-d’âne ou secrétaires à pente. Le piètement est un autre élément constitutif du bureau ancien. Le piètement sert également de support aux compartiments décoratifs ou utilitaires, comme les tiroirs et les étagères. Les pieds peuvent arborer une forme droite (piètement droit), cambrée ou galbée. Pour l’ornement, les pieds cannelés et les pieds rudentés sont assez courants. L’ornementation permet souvent de dater le meuble, et parfois même à reconnaître la main de l’ébéniste.

En fonction de l’usage, de l’époque et de la configuration du bâti, le bureau ancien se décline sous plusieurs formes :

La table bureau, plus communément appelée bureau plat, est la forme la plus courante et la plus basique. Elle ressemble à une table conventionnelle, équipée d’un plateau horizontal recouvert de cuir ou de bure. Son coffrage assez imposant peut contenir jusqu’à deux rangées de tiroirs. Ce modèle apparaît pour la première fois sous Louis XIII durant la seconde moitié du XVIIe siècle.

Le secrétaire est un type de bureau plus sophistiqué, reconnaissable par ses rangements verrouillés, son coffrage arrondi et ses enrichissements décoratifs. David Roentgen va même plus loin, en insérant une mécanique à cylindre à l’intérieur de son secrétaire. On en distingue différentes versions, selon l’équipement et le fabricant dont les plus connues sont le secrétaire à abattant, le bureau cylindre, le secrétaire à pente et le Bonheur du Jour. Ce dernier a la particularité d’être un modèle compact, léger et facile à transporter.

Le cabinet, apparu au XVIIe siècle, reprend la même structure que la table à écrire. Sur l’arrière du plateau rectangulaire d’un cabinet style Louis-Philippe, un étroit coffrage accueille des étagères et des tiroirs destinés au rangement des documents et des livres. Le style et l’apparence d’un bureau ancien dépend également de l’inspiration et du savoir-faire du maître ébéniste. Certains artisans élaborent ainsi desbureaux ou cabinets devenus des références sur le marché du mobilier d’époque :

André-Charles Boulle, ébéniste du Roi, fonde sa réputation sur ses réalisations presque systématiquement ornées de marqueteries d’écaille et de cuivre. Pour protéger les éléments les plus sensibles de ses bureaux, Boulle applique des bronzes dorés. La marqueterie Boulle continue d’être pratiquée et utilisée pour orner les bureaux de maîtres du XVIIIe et du XIXe siècle, durant l’époque Charles X.

David Roentgen, ébéniste allemand installé à Paris et malgré ses relations compliquées avec la Corporation des Ebénistes, se fait un nom en réalisant des bureaux de style néoclassique. Le plateau et les côtés sont agrémentés de magnifiques marqueteries représentant des scènes chinoises, des paysages ou des guirlandes de fleurs suspendues à des rubans.

Les façades, elles, dévoilent un décor de placage en ailes de papillon ou de placage ailes de chauve-souris. Le nom de Roentgen est aussi associé à un nouveau procédé qui consiste à durcir, puis polir l’acajou pour lui donner l’apparence du marbre. Il réalise également des bureaux à mécanisme pour les salons de Marie-Antoinette, Louis XVI et d’autres têtes couronnées européennes.  

Le style

Le style du bureau ancien constitue l’un des critères les plus déterminants dans l’estimation de son prix sur le marché des enchères. 

Les bureaux de style Louis XIII sont reconnaissables par leurs pieds droits en bois tourné. Ils sont en général créés dans le goût de et se vendent à petits prix. 

Les bureaux Louis XIV, Louis XV, Régence ou Empire, à l’ornementation plus exubérante peuvent voir leur prix grimper en fonction de l’artisan, du style, des matériaux. Un bureau plat d’époque Régence s’est ainsi vendu 20 000 euros, il s’orne de bronze doré rocaille et d’un plateau de maroquin fauve. 

De même, les bureaux Napoléon et Napoléon III peuvent se négocier à des prix allant jusqu’à 20 000 euros, surtout les modèles ayant appartenu aux grands salons de maisons royales ou à une riche clientèle privée. Sous Napoléon III, il existe également beaucoup de meubles réalisés dans le goût du XVIIIème siècle. Par exemple, un bureau de style Louis XV peut se trouver aux enchères à 400 euros. A l’inverse, un bureau réalisé par Joseph Cremer a dépassé les 50 000 euros. Il est orné de marqueterie de laiton et cuivre et de riches bronzes dorés.

Le style et l’époque de fabrication du bureau ne font pas tout. La renommée du maître ébéniste influe aussi sur l’appréciation de l’œuvre d’art. Pour les bureaux de style Louis XV et Louis XVI, les estampilles de Jean-Henri Riesener et de son maître Oeben font s’envoler systématiquement les prix.

Les bureaux Art nouveau réalisés par François Linke, Paul Follot, Jean Dampt et Carabin gardent aussi une belle cote sur le marché des enchères.

Les ornements

La richesse et l’originalité des garnitures influent aussi sur la valeur d’un bureau ancien. Sur les bureaux Régence, les motifs exotiques, les espagnolettes et les marqueterie Boulle accroissent la valeur estimative du meuble sous réserve d’être en bon état. 

Sur les meubles Louis XV, les modèles ornés de frisage n’ont pas le même succès que les bureaux garnis de marqueteries florales et de motifs de bronze ciselé représentant des coquilles échancrées, des feuilles d’acanthe et des joncs, ou encore des plaques de porcelaine ou des panneaux de laque. Un bureau attribué à Dubois a été adjugé plus de 300 000 francs suisses, orné de bronze et marqueterie de bois. 

Dans le style Louis XVI, les décors se veulent plus sobres. Le bâti se façonne dans des formes rectilignes ; les pieds cannelés reviennent en force et les draperies et nœuds de ruban ornent les plateaux.

Cette sobriété se retrouve dans le style Directoire, qui se démarque toutefois par les références plus nombreuses aux emblèmes révolutionnaires : bonnet phrygien, mains unies, trois ordres et niveaux à bulle. Des dessins d’inspiration antique ou Égyptienne, comme le cygne, le sphinx et les cariatides, agrémentent également les façades et les plateaux. 

L’état de conservation

Les traces de restauration, la présence d’une garniture de bronze doré d’origine ou non, la stabilité de la structure et la qualité globale du bâti sont autant d’indices permettant d’évaluer l’état de conservation d’un bureau ancien. 

Les acheteurs se montrent sensibles à ces détails, susceptibles d’entraîner une décote de l’objet sur le marché des enchères. 

L’ébéniste créateur et la provenance

Les acheteurs accordent beaucoup d’attention à la paternité de l’œuvre et fixent un prix à partir de la renommée du maître ébéniste ou de l’artisan.

Dans ce registre, Riesener reste l’artiste le plus apprécié sur le marché. Les estampilles de Charles Cressent, Beneman et Roetgen promettent également une belle estimation de prix. Toujours au XVIIIe siècle, les bureaux marqués Bernard Molitor et André Jacob Roubo ont une cote relativement élevée sur le marché.

Sur les bureaux à abattant, les estampilles des maîtres ébénistes se trouvent généralement sur la partie arrière du bois de traverse. Certains artisans placent leur marque en dessous des caissons, à l’intérieur des pieds postérieurs, sur la serrure ou sous le bord du tiroir.

Sur un bureau à cylindre. L’estampille est parfois apposée à l’intérieur du fond ou sous le cylindre.

Les marques de propriétaires, les marques de château et les marques d’inventaire révèlent aussi des informations cruciales sur la provenance et le prix estimé du bureau. Un modèle ayant appartenu à un collectionneur comme Alphonse de Rothschild, ou passé dans l’inventaire du Louvre ou du Château de Versailles a souvent plus de prestige aux yeux des collectionneurs. 

Pour estimer votre bureau ancien, vous devez donc vous intéresser à sa période de création, les matériaux employés, l’ébéniste ou le créateur, son état, son histoire et sa provenance. Un bureau plat ou un bureau de style Louis XIII peut se vendre à quelques centaines d’euros alors qu’un bureau signé et très travaillé, comme le bureau plat de Baumhauer orné de porcelaine de Sèvres, peut se vendre près de 7 millions d’euros. 

Un magnifique bureau plat en marqueterie Boulle, époque Louis XIV, avec une estampille de Bernard Ier Van Risen Burgh est adjugé à 248 000 euros lors d’une vente aux enchères en France. Le meuble provient des collections du Château d’Ahin. Son bâti, en sapin, est orné de placages d’écaille rouge, de bronzes dorés et cuir et de cuivre.

Un bureau à pente, doté de panneaux de laque du Japon, estampillé Jacques Dubois, est adjugé à 550 000 euros. Ce meuble d’époque Louis XV a un bâti de sapin et de chêne, des bronzes dorés et une écritoire tendue de cuir.

Un autre bureau à pente Louis XV, en laque de Chine rouge et recouvert de vernis Martin, est vendu à 280 000 euros. Des motifs végétaux et des scènes chinoises ornent toutes ses faces. L’abattant ouvre sur six tiroirs galbés, en acajou massif, et sur trois casiers à tirettes mobiles. Des bronzes ciselés et dorés, des décors de fleurettes, de piastres et de fleurettes forment l’ornementation.

Un bureau plat de forme rectangulaire à trois tiroirs, avec un décor marqueté en contrepartie d’ébène, est adjugé à 619 600 euros. Des décors marquetés de rinceaux et de vrilles embellissent ses pieds et sa ceinture. Un masque de Démocrite surmonte la poignée tombante du tiroir central. Des masques de femmes coiffées de fleurs entourent les entrées de clefs des deux autres tiroirs. Le maître installe deux masques de Bacchus au centre des rinceaux.

Un grand bureau plat d’époque Louis XIV, avec huit pieds et des caissons en marqueterie de cuivre, est vendu à 55 000 euros. 

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Les ventes de bureaux anciens à plusieurs centaines de milliers d’euros sont assez exceptionnelles. Les prix moyens sur le marché varient de quelques centaines à quelques milliers d’euros. La Maison Millon en a vendu quelques exemplaires à plus d’une dizaine de milliers d’euros :

— Bureau à pente à décor de laque et vernis noir, avec des ornementations de personnages, de scènes d’architecture et de motifs végétaux d’Extrême Orient. Estampille F.G. Ce rare bureau de pente orné de bronzes ciselés et dorés, à abattant découvrant des casiers en placage et des tiroirs galbés, est adjugé à 58 000 euros ;

— Bureau plat, toutes faces en bois laqué noir, reposant sur quatre pieds galbés. Signature sur une serrure : A. Chevrié, fabricant 7, rue Dubelleyme à Paris. Ce meuble Louis XV, avec un plateau gainé de maroquin noir et ouvrant par trois tiroirs, est adjugé 33 500 euros lors d’une vente organisée par la maison Million ;

— Bureau plat en placage de palissandre clair marqueté sur toutes les faces. Estampillé J.-B. HEDOUIN, est vendu à 15 000 euros ;

— Bureau plat à façade et cotés en placage de palissandre, ouvrant à trois tiroirs. Estampillé F. RUBESTUCK. Ce meuble à pieds cambrés, doté de plateau ceinturé d’un astragale en cuivre décoré d’écoinçons à motifs rocaille, est adjugé à 14 000 euros.

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