Francis Gruber est un peintre expressionniste français né à Nancy le 15 mars 1912. Il est élevé dans un contexte familial propice à son développement dans l’art, sa mère ayant étudié aux Beaux-Arts de Nancy et son père un célèbre Maître-Verrier de l’École de Nancy. Considéré rapidement comme un prodige mais fragile de santé, il manifestera un don particulier pour la peinture et le dessin qu’il pratiquera quotidiennement dans l’atelier de son père.
Il reçoit alors une première formation artistique et s’inscrit en 1929 à l’académie Scandinave de Paris. Un an seulement après son entrée à l’académie il expose au Salon des Tuileries et au Salon d’Automne, encouragé par son père.
Il s’inscrit dans le courant “expressionniste français”, un courant artistique figuratif pathétique, riche en expressivité tout en étant régi par des revendications d’individualisme. Il sera influencé par des artistes comme Albrecht Dürer ou Mathias Grünewald, et puise notamment ses sources dans la tradition graphique des graveurs du XVème siècle.
Ses oeuvres laissent transparaitre dès son plus jeune âge un certain tumulte, donnant un aperçu de son existence déjà turbulente. Si ses premières productions laissent entrevoir un monde festif et déconcertant, sa maladie et l’absurdité de la guerre vont faire prendre un tournant à sa carrière. Son oeuvre se fait de plus en plus allégorique, mélange de fantastique et de tragique. Il utilise un langage du laid et du mal.
Il peint seulement sur de très grands formats, cherchant la monumentalité dans l’art. Son trait est incisif et précis délimitant des formes dures. Sa palette est majoritairement sombre employant des tonalités sourdes. Les harmonies se font dans des tons froids et il laisse parfois s’échapper une touche colorée stridente dans les rouges et les bleus.
Les thèmes qu’il représente sont souvent emprunt de misère et de désolation, dépeignant aussi bien des paysages mornes et orageux que des animaux empaillés ou des corps secs et filiformes, rongés par les atrocités du monde.
Son oeuvre cherche finalement à retranscrire ses rapports tumultueux avec le monde extérieur et ses pensées sombres. Il se positionne en retrait de l’esthétisme et privilégie une puissance dans l’oeuvre, plus agressive marque les esprits. Si les oeuvres de Francis Gruber étaient en accord avec son époque et son climat de désolation, il semblerait qu’elles soient encore d’actualité et assimilable à notre époque contemporaine. Il reçoit en 1947 le Prix national de peinture. Gruber est totalement indifférent aux recherches abstraites qui ont lieu en parallèle de son travail et se positionne en fervent défenseur de la figuration qu’il exacerbe face à la réalité de la guerre. Selon lui, « Le peintre, sensible avant tout à l’homme, à la vie de l’homme, ne peut qu’être touché profondément par l’événement ». Il place alors l’Homme au coeur de sa recherche.
Il succombe jeune à la tuberculose et décède le 1er décembre 1948 à Paris. Son ami Alberto Giacometti qui le conseillera durant sa carrière dessinera même sur sa tombe.