"Comme verrier, il a été un initiateur, puisant dans son goût naturel, dans son sentiment personnel et original de l'art, des idées de formes et de colorations que nul avant lui n'avait songé à appliquer, et qui l'ont amené à exécuter des œuvres portant remarquablement l'empreinte du génie français"[1]

François-Eugène Rousseau naît à Paris le 17 mars 1827 et reprend en 1855 la direction du commerce de porcelaine et de faïence de son père. Rapidement, le jeune homme manifeste sa volonté de rompre avec les habitudes industrielles de l’entreprise familiale en cherchant à valoriser une production plus originale et artistique. Artiste avant d’être commerçant, l’amour du beau d’Eugène Rousseau guidait également une grande générosité. C’est en ce sens qu’il s’associa dès 1862 aux premiers fondateurs de l'Union centrale des Arts décoratifs, acceptant de bonne grâce les risques pécuniaires de l'Exposition de 1863 afin de soutenir les efforts patriotiques de cette société.

Ambitionnant de proposer une production inspirée et novatrice, Rousseau s’intéressa aux recherches des céramistes de son temps et sera, dès 1866, un des premiers à s´inspirer de l’art japonais en faisant dessiner par le graveur Félix Bracquemond un - désormais célèbre - service de faïence reprennent les figures animales des ukiyo-e d’Hokusai. Présenté à l’Exposition Universelle de 1867 à Paris, le "service Rousseau" rencontre un vif succès. Suite à cette première réussite, Rousseau choisit de tourner sa verve créatrice vers une autre matière, le verre. Et en effet, l’artiste et entrepreneur trouvera dans le verre un domaine unique d’expérimentation et de création. Ignorant la chimie mais doté d’intuitions exigeant des découvertes, Rousseau confie aux frères Appert (à Clichy) le soin de fabriquer les pièces de verre dont il imagine les formes et les décors. Pour la réalisation de ces décors, justement, il collabore avec les verriers Alphonse-Georges Reyen et Eugène Michel pour réaliser les profondes gravures de ses pièces. De cette collaboration seront notamment issus deux remarquables vases aux décors en profond reliefs imitant la pierre dure et évoquant les paysages japonais, "Mont Fuji" et "Cascade Japonaise", qui seront présentés à l'Exposition de l'Union centrale des Arts décoratifs de 1884. À cette même occasion, Eugène Rousseau sera le premier à exposer du verre craquelé rempli de différentes couleurs, inspiré par une technique vénitienne du XVIe siècle.

Par suite, Rousseau n’aura de cesse de continuer ses recherches. Il sera notamment l'un des premiers artistes français à expérimenter le verre double couche, obtenant des décors inattendus et novateurs par la superposition de pâtes diversement nuancées, par des craquelages ou encore par l’insertion de feuilles de métal entre deux couches de verre, au moment de la fusion. Remarquées, les réalisations et engagements artistiques de l’artiste et entrepreneur lui valent de recevoir la Croix de Chevalier de la Légion d´Honneur en 1885. La même année, il vend son entreprise à Ernest-Baptiste Léveillé, qui fût son assistant et qui continuera à exécuter les dessins de son professeur et ami jusqu'en 1890 sous le nom de "Maison Rousseau et Léveillé réunies" (les œuvres étant alors signées "E. Léveillé et E. Rousseau").

Eugène Rousseau meurt en 1890 après une vie de création dédiées à la promotion d’un art novateur et d’une émulation patriotique entre les artistes. Il est aujourd’hui considéré comme le grand réformateur de la verrerie française. On peut par exemple lire à son propos[2] : 

"quant à la verrerie, on peut sans erreur attribuer à Eugène Rousseau le mérite d'avoir secoué la torpeur de cet art, assoupi depuis l’année 1670. De lui en date la renaissance."

aissance."