"Tout art est une imitation de la Nature"[1]
Georges-Lucien Guyot nait le 10 décembre 1885 à Paris dans un milieu modeste ne lui permettant pas - malgré des dons évidents - la poursuite d’études artistiques. Aussi, et sitôt son certificat d’études en poche, il est placé comme apprenti chez un sculpteur sur bois du Faubourg Saint-Antoine. Élève assidu, il montre un intérêt certain pour l’étude de la nature, qu’il poursuit en dessinant sans relâche les différens pensionnaires des enclos du Jardin des Plantes. Sa vocation d’artiste entrant en contradiction avec le métier de sculpteur pour mobilier, Guyot est mis face à un choix par son père alors qu’il est âgé de 17 ans : se former librement pendant un an avant de rejoindre l’armée et être libre ensuite de choisir sa vie. Le jeune homme passe donc une année entière à étudier au Musée d’Histoire Naturelle, l’affection du personnel lui ouvrant l’accès aux laboratoires de dissection où il peut observer au plus près les animaux sauvages dans leurs moindres détails anatomiques.
En 1904 et comme convenu, Georges-Lucien Guyot s’engage dans l’armée, au 39e d’infanterie à Rouen. La ville abritant une École des Beaux-Arts, le jeune homme obtient de son général la permission d’assister aux cours du soir. Et c’est au sein de ces cours et en 1906 qu’à lieu un évènement qui va changer la carrière du jeune artiste : l’installation d’un four à céramique à l’École des Beaux-Arts. En effet Guyot exécute alors à titre d’essai - et en modelant de mémoire - un ours en terre …. qui se révèle d’une qualité telle qu’un professeur propose à son créateur de l’envoyer au Salon des Artistes Français après cuisson. Le Salon accepte cette première participation, et l’ours deviendra une figure récurrente de la statuaire de l’artiste.
Une fois démobilisé et après quelques emplois subsidiaires, Georges-Lucien Guyot se consacre entièrement à la sculpture et au dessin en 1909, exposant au Salon des Indépendants et d’Automne ainsi qu’au Salon des Tuileries où ses œuvres d’un réalisme tendre rencontrent un certain succès. Interrompue par la Guerre (Guyot est rendu à la vie civile en 1917) sa carrière artistique reprend en 1918 tandis qu’’il s’installe à Montmartre au Bateau-Lavoir. Il connait alors une période extrêmement féconde, exposant dans de nombreuses galeries[2] ses sculptures, ses peintures influencées par le Cubisme et ses dessins animaliers.
En 1931, Guyot intègre le groupe des Douze Animaliers Français fondé par François Pompon, dont les expositions publiques dans les salons de l'hôtel Ruhlmann (en avril-mai 1932 et mars 1933) lui offrent une tribune où exprimer sa manière. L’artiste trouve ainsi son public et recevra notamment de nombreuses commandes de sculptures monumentales de la part de l’État et de municipalités comme l’Ours brun du Zoo de Vincennes (commandé en 1938 et aujourd’hui exposé à la Ménagerie du Jardin des Plantes), les Chevaux pour la fontaine du Trocadéro (en 1937), le Taureau de Laguiole (en 1937) ou le Sanglier de Conches (1957).
Il travaille en parallèle pour la Manufacture nationale de Sèvres de 1929 à 1950, où il créé de nombreux modèles.
Chevalier puis Officier de la Légion d’Honneur en 1950, Guyot est par ailleurs le premier sculpteur à recevoir le Prix Edouard Marcel Sandoz en 1972. La fin de sa vie est assombrie par l’incendie du Bateau Lavoir le 12 mai 1970, qui détruit son atelier et tout ce qu’il contient de sculptures, peintures, dessins, squelettes d’animaux et souvenirs … Guyot a alors 85 ans et ne s’en remettra jamais tout à fait. Il s’éteint trois ans plus tard, le 31 décembre 1972.
Artiste mystérieux tant sont lacunaires les informations sur sa personne et sa vie, Georges-Lucien Guyot laisse derrière lui une formidable œuvre animalière où s’harmonisent l’observation naturaliste et le sens du pittoresque. A mi-chemin entre les surfaces lisses de François Pompon et celles accidentées de Rembrandt Bugatti, l’émotion provoquée par les sculptures de Guyot tient dans la force et l’élégance évocatrice des lignes, le respect des proportions naturelles et la tendresse jamais démentie d’un amoureux de la faune sauvage.
[1] ainsi que l’affirma Sénèque dans sa 65ème« Lettre à Lucilius ».
[2] Bernheim jeune en 1922, Denambez en 1924 ou encore Druet en 1928, 1929 et 1934
Oeuvres de Georges Guyot
La Maison de ventes aux enchères MILLON vend régulièrement des œuvres de Georges Guyot. Florian Douceron, clerc spécialiste du département Bestiaire, vous décrypte deux œuvres phares de l'artiste :
Exceptionnelle par ses dimensions et son sujet, cette pièce unique de George-Lucien Guyot participe pourtant des canons de l’art du sculpteur : une représentation hiératique où l’harmonie des proportions naturelles s’accorde avec la tendresse de l’artiste pour un animal à la fois modèle, sujet et archétype. Figurant un couple de sangliers avec cinq marcassins serrés les uns contre les autres et blottis entre leurs pattes, cette sculpture est atypique par son sujet. Guyot sculpte en effet ici son groupe le plus nombreux (à notre connaissance) tandis que le sanglier est un animal quasi absent du bestiaire de l’artiste[2]. Cela s’explique sans doute par le fait qu’il est un animal que l’on ne retrouve que rarement en captivité (au contraire des félins, des singes et des ours qui jalonnent son œuvre). On imagine dès lors que l’observation par Guyot de son modèle aura certes été sur le vif mais plus fugace que ses longues heures d’observations et d’études au Jardin des Plantes.
Le choix du sujet de la sculpture est toutefois explicité par la destination de cette pièce unique : orner le parc d’une villa proche de Rambouillet et pour lequel les propriétaires souhaitaient voir représentés des animaux de la Forêt proche. On ne sait si la figure des sangliers fût imposé à Guyot, toujours est-il que l’artiste s’est saisit du sujet avec toute sa sensibilité pour l’exactitude des proportions naturelles et de l’attitude animale. Conçue pour agrémenter les abords d’une pièce d’eau, la famille de sangliers est ainsi figurée comme dans une halte au bord du bassin le temps de se reposer et de se désaltérer. Comme un instantané de la vie sauvage les petits se pressent sous leur mère tandis que le mâle surveille les alentours. La scène a un caractère d’évidence. Là est tout l’art de Guyot, entre magnification formelle de l’animal et rendu quasi « psychologique » de sa vie secrète.
Contrairement aux autres œuvres monumentales connues de l’artiste, nous sommes ici en présence d’une commande privée. C’est sans doute pourquoi – et pour des raisons évidentes de coût – l’œuvre a été réalisée sur place et non pas en bronze mais en ciment patiné. La technique est courante pour la statuaire de grande échelle : couler un matériau fluide essentiellement à base de ciment dans une armature métallique qui sera brisée après la prise, laissant au sculpteur le soin de retravailler la pièce. C’est ce que Guyot a fait ici avec son brio habituel, écartant les détails superflus et la stylisation gratuite au profit d’un enchaînement de grands volumes tels qu’ils apparaissent sur l’animal au naturel. Il en résulte le sentiment d’une vie mouvante et souple, typique des oeuvres de l'artiste.
[1] Jean Dorst dans son article "Georges-Lucien Guyoy" du n° 69 du Club Français de la Médaille - 1980.
[2] Il n’existe à notre connaissance qu’une seule autre représentation de cet animal par Guyot : la sculpture commandé en 1957 pour le parc de la mairie de Conches en Ouche, qui ne comporte qu’un seul individu et est de taille bien inférieure.
[3] in Les yeux ouverts - entretiens avec Matthieu Galey , 1980, Editions le Centurion.
Sculptée par George-Lucien Guyot dans les années 1930, cette Lionne est un superbe exemple de son art que Jean Dorst décrivait[2] comme
"l’heureux compromis entre la véracité des proportions et des formes et la libre interprétation qui est le droit et le devoir de l’artiste (…) le conflit entre l’objectivité du scientifique et la sensibilité de l’homme de l’art".
Écartant les détails superflus et la stylisation gratuite au profit d’un enchaînement de grands volumes tels qu’ils apparaissent sur l’animal au naturel, le sculpteur nous offre une représentation hiératique où l’harmonie des proportions s’accorde avec sa tendresse pour un animal à la fois modèle, sujet et archétype. Il en résulte le sentiment d’une vie mouvante et souple et de ce que Marguerite Yourcenar désignait[3] comme « cette immense liberté de l'animal, vivant sans plus, sa réalité d'être, sans tout le faux que nous ajoutons à la sensation d'exister ».
Là est tout l’art de Guyot, entre magnification formelle de l’animal et rendu quasi "psychologique" de sa vie secrète.
[1] Jules Claretie in "Notes et souvenirs : Une visite à Rosa Bonheur", Le Temps, 2-3 janvier 1894.
[2] dans son article "Georges-Lucien Guyot" du n° 69 du Club Français de la Médaille - 1980.
Georges Guyot : prix et cote
Selon l’entreprise française de cotation du marché de l'art, Artprice, les œuvres de Georges Guyot se vendent principalement sur le marché français. La catégorie artistique la plus recherchée par les collectionneurs est la sculpture (82 % contre 32 % pour le dessin).
Pour le moment, le record de ventes de Georges Guyot est décerné à Orang Outan, une sculpture en bronze réalisée vers 1930, estimée entre 35.000 et 55.000 euros, et adjugée à 150.000 euros par une maison de ventes aux enchères parisienne.
Exemples de prix par catégorie pour des oeuvres de Georges Guyot selon Artprice :
Catégorie | Estimation basse | Estimation haute |
Sculpture & Volume | 150 € | 150.000 € |
La maison de ventes aux enchères MILLON se voit régulièrement confier des œuvres de Georges Guyot. Ces dernières atteignent de beaux prix grâce au travail rigoureux de nos experts et à la visibilité des ventes sur le marché de l’art français.
Critères pour estimer le prix d’une oeuvre de Georges Guyot
Les experts du département MILLON, spécialisés en sculpture animalière, vous donnent quelques conseils pour estimer le prix de votre sculpture de Georges Guyot. Cependant, pour obtenir une estimation fiable et juste de votre œuvre, nous vous recommandons fortement de faire appel à un expert ou un commissaire-priseur.
L’authentification : la première étape est de s'assurer de l'authenticité de l'œuvre. Elle peut être confirmée par la provenance de l'œuvre, les marques de fonderie, les signatures, ou grâce à des experts.
L’état de conservation : les dommages, les réparations ou toute altération peuvent influencer la valeur d'une œuvre. Une œuvre bien conservée sera généralement plus valorisée.
La taille et les matériaux : la taille de l’œuvre, ainsi que le matériau (bronze, marbre...) peuvent également jouer un rôle dans la détermination de sa valeur.
La rareté : certaines œuvres de Georges Guyot sont plus rares que d'autres. Une œuvre unique ou rare sera probablement plus chère que celles qui ont été produites en grand nombre.
La provenance : si l'œuvre provient d'une collection renommée ou a une histoire intéressante, cela peut augmenter sa valeur. Tentez de vous renseigner sur l’historique de votre œuvre en vous posant les questions suivantes : comment l’avez-vous obtenue ? Vient-elle d’une galerie ou l’avez-vous reçue en héritage ? Possédez-vous un certificat ou une facture d’achat ?
La demande sur le marché : l'intérêt actuel pour Georges Guyot ou pour la sculpture animalière du XXe siècle peut influencer la valeur de l'œuvre. Les tendances du marché artistique fluctuent au fil du temps. Les experts et commissaires-priseurs sont parfaitement au fait de ses tendances et peuvent vous conseiller.
L’expertise professionnelle : pour obtenir une estimation précise, nous vous conseillons de consulter un expert en art ou un spécialiste des œuvres de Georges Guyot. La maison de ventes aux enchères MILLON vous offre ses services d'estimation gratuite.
Faire estimer mon oeuvre de Georges Lucien Guyot
Vous êtes en mesure de situer votre sculpture de Georges Lucien Guyot sur le marché des ventes aux enchères, une fois ces éléments recueillis. Cependant, rien ne remplace l'avis d'un expert pour obtenir une estimation précise et actuelle.
Les belles enchères de la maison de ventes MILLON
-> Georges Lucien Guyot "Lionne assise tête à gauche". Exceptionnelle sculpture en bronze à patine brune-verte nuancé. Base rectangulaire. Fonte ancienne à cire perdue par Susse. Signée et numérotée sur la terrasse "Guyot N°2", marque du fondeur "Susse frères fondeur Paris cire perdue ". Adjugée 85 000 euros lors de la vente Masters du 7 novembre 2023.
-> Georges Lucien Guyot "La caresse". Sculpture en bronze à patine noire figurant deux panthères se léchant. Fonte à cire perdue par Susse Frères. Signé "G.Guyot", "Susse Frs Edts Paris", "cire perdue" et cachet de fondeur, mention "Bronze". Vendue chez MILLON pour 20 000 € lors de la vente Bestiaire du 11 mars 2020.
-> Georges Lucien Guyot "Faucon", une sculpture zoomorphe à patine verte nuancée. Fonte d'édition à cire perdue par Bisceglia. Signé "Guyot" et cachet de fondeur 'Cire perdue Bisceglia", adjugé 21 000 euros chez MILLON lors de la vente Art Déco - Design du 4 décembre 2020.
-> Georges Lucien Guyot "Cynocéphale", un bronze à patine brune à nuance verte. Fonte d'édition posthume par Susse. Signé "Guyot" sur la terrasse. Cachet circulaire et marque "Susse Frères Paris". Vendue à 18.500 euros chez MILLON lors de la vente Art Déco - Design du 3 décembre 2021.
-> Georges Lucien Guyot "Ours assis", une sculpture en bronze à patine nuancée, fonte à cire perdue par Susse Frères. Signé "Guyot" et cachet de fondeur "Susse Frères Paris cire perdue". Adjugé à 16.200 euros chez MILLON lors de la vente Art Déco - Design du 17 juillet 2020.
Estimez et vendez votre oeuvre de Georges Guyot
Si après avoir lu cet article vous vous interrogez encore sur la valeur de votre oeuvre de Georges Guyot, n’hésitez pas à contacter notre équipe d’experts et de commissaires-priseurs en cliquant sur le lien ci-dessous :
Faire estimer mon oeuvre de Georges Guyot
Depuis 1928, la maison de ventes aux enchères MILLON propose des sculptures et céramiques de Georges Guyot aux enchères. Aujourd’hui, elle met à votre disposition sa connaissance du marché.
Grâce à notre formulaire en ligne, obtenez facilement une estimation fiable de votre œuvre d’art. Nos spécialistes estiment gratuitement votre œuvre de Georges Guyot.
Nos bureaux, répartis dans toute la France, vous accueillent pour un examen physique de votre œuvre. Nous organisons également des journées d’estimations gratuites partout en France et dans les pays limitrophes, profitez-en pour nous soumettre vos trésors, vous trouverez toujours un interlocuteur proche de chez vous.
La Maison MILLON, classée parmi les meilleures d’Europe, dispose de 30 départements spécialisés, vendant plus de 70 000 objets par an en plus de 200 ventes à travers l’Europe. Notre réseau nous permet de répondre à votre demande, en ligne, ou physiquement, à très bref délai.