Estimation gratuite d’une sculpture à la cire perdue : guide d’expert
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"La valeur des meubles de Louis Majorelle dépasse de beaucoup celle d’une mode ; ceux qui subsisteront seront un jour recueillis et cités comme caractérisant une des phases du temps d’indécisions où nous vivons"[1]
Louis Majorelle naît à Toul en 1859 et accompagne vite son père dans ses activités de décorateur sur faïence et d’ébéniste. Il étudie ensuite à l’Ecole des Beaux-Arts de Nancy, puis de Paris à partir de 1877. En 1879, le décès de son père l’oblige à revenir auprès de l’entreprise familiale installée à Nancy. Là, Majorelle termine son apprentissage auprès des ouvriers qui l’initient aux méthodes de travail, au savoir-faire et à l’esprit du compagnonnage. Il acquiert ce faisant une solide connaissance des styles du XVIIIe qui vient compléter sa formation théorique. Fort de ces connaissances, le jeune homme reprend la direction artistique de la maison Majorelle en 1884, avec son frère Jules pour la partie commerciale.
Néo-Classique jusqu’en 1890 où apparaissent des premières formes inspirées par la Nature, le style de Majorelle bascule progressivement vers l’esthétique Art Nouveau à partir de 1894. Cette persistance d’éléments formels du répertoire classique s’explique par la personnalité de l’artiste et sa vision d’une ébénisterie où le décor doit toujours rester subordonné à l’ensemble d’un meuble. Cela s’explique également par l’historicité de la maison[2] et la nécessité d’en préserver l’héritage par une adaptation progressive et réfléchie ment aux modes et aux réalités du marché de l’art national puis international. Pour ce faire et à la différence de nombreux artistes de son époque, Louis Majorelle va poursuivre une production de meuble en série[3] afin de sortir de la seule création luxueuse à destination d’une clientèle restreinte. Cette production prend sa pleine ampleur en 1897, quand les ateliers de l’entreprise déménagent et se dotent de nouvelles machines pour soutenir une production accrue. Majorelle y développera notamment le travail du métal pour réaliser les ornements de bronze auxquels il donne une importance décisive dans son vocabulaire décoratif. Ce travail sert également à la réalisation des luminaires qu’il réalise en collaboration avec les frères Daum à partir de 1898. Cette stratégie lui permet de diffuser ses créations à l’international dans les magasins qu’ouvre la firme à Berlin, La Haye et Londres puis à Paris quand Majorelle rachète à Samuel Bing sa célèbre Galerie de la Rue de Provence (en 1904).
Le plus grand succès critique et public de Majorelle a lieu à l'Exposition Universelle de Paris, en 1900, où il présente - notamment - l'ensemble de mobilier aux Nénuphars. Un an plus tard, il participe à la création de l’Ecole de Nancy dont il devient l'un des vice-présidents. L’artiste expose ensuite régulièrement aux Salons et à l’étranger, notamment aux Etats-Unis où il reçoit en 1904 un grand prix pour son mobilier. Cette même année, l’Ecole de Nancy commence à péricliter avec la mort d’Emile Gallé tandis que les Salons parisiens recherchent un style décoratif nouveau et plus conservateur. Louis Majorelle décide en conséquence d’abandonner le style Art Nouveau en 1910.
En 1916, les bombardements infligés à Nancy détruisent les magasins et ateliers de Majorelle ainsi qu'une partie de sa Villa. L’artiste repart alors pour Paris, reprend la peinture et le travail du métal d’où naîtront notamment les célèbres verreries cloisonnées en collaboration avec Antonin Daum.
Louis Majorelle, s’éteint le 15 janvier 1926. Hérité d’un artisanat luxueux, son style est celui d’une mutation réussie vers une production certes industrielle mais unique et révélatrice d’un style de vie. C’est pourquoi l’on peut dire aujourd’hui d’une création de l’artiste que c’est "du Majorelle" comme on dirait "du Louis XVI". Ce faisant on terminera de donner raison à celui qui affirmait que "l’ébénisterie moderne ne peut négliger les principes de construction et d’architecture qui ont été trouvés par ses prédécesseurs."
[1] O Gerdeil dans son article "Les meubles de Majorelle Paris" in L’Art Décoratif, n° 37, octobre 1901
[2] qui emploie plus de vingt ouvriers et est déjà bien mécanisée lorsque Louis Majorelle la reprend en 1884.
[3] On trouve rapporté dans les ouvrages de Roselyne Bouvier et Alastair Duncan dédiés à l’artiste que Majorelle parlait lui-même de "production semi-industrielle"
La maison de ventes aux enchères MILLON vend régulièrement des œuvres de Louis Majorelle. Florian Douceron, clerc spécialiste du département Art Nouveau, vous présente une œuvre phare de l'artiste, adjugée 46 000 euros lors de la vente aux enchères "Masters" organisée par le département Arts Décoratifs du XXe siècle :
"Cette année-là, Louis Majorelle présentait à l’Exposition Universelle de Paris plusieurs ensembles (…) aux tiges de bronze ciselé aux terminaisons de feuilles et de fleurs de nénuphars marquaient avec légèreté et souplesse les membrures d’une architecture solide à l’exécution irréprochable (…) le sentiment de la forme y état si neuf que ce mobilier élégant devint un archétype, le révélateur des lignes de civilisations qui orientaient le début du Xxe siècle."[1]
Créé en 1900 pour l’Exposition Universelle[2], le mobilier aux Nénuphars condense les canons du style de Louis Majorelle où "les tons des bois et du métal s’unissent aux formes pour donner l’impression d’une gravité somptueuse"[3]. Ce décor mobilier couronne en effet des années de recherches de l’artiste, et entérine son émancipation réussie d’avec Emile Gallé et les principes esthétiques de l’Ecole de Nancy. On y retrouve la réinterprétation que fait Majorelle des formes standardisées des modèles des XVIIIe et XIXe siècles, auxquels il impose de subtiles mais radicales modifications.
Avec le décor aux Nénuphars, le style de l’artiste s’affirme dans une recherche axée sur la ligne et une direction plus moderniste que naturaliste (comme celle d’Henri Van de Velde, en Belgique). Il accentue particulièrement les courbes, et notamment aux piètements de ses meubles, afin de leur imprimer un élan vertical. Ce dynamisme formel aboutit à faire "émerger" du sol des meubles jusqu’alors destinés à simplement s’y poser. Majorelle les élève de façon souple et courbe, à l’image de la Nature, dans un constant souci d’harmonie entre l’objet et le végétal. Il poursuit en parallèle une réflexion sur un mobilier devant servir au quotidien et où la forme l’emporte sur le dessin (en réponse à la critique récurrente faite aux meubles des artistes Art Nouveau de sacrifier le fonctionnel au décoratif).
Mais plus encore que les recherches formelles, ce sont les remarquables montures en bronze doré qui font du décor aux Nénuphars un compendium de la vision artistique totale de Louis Majorelle et le distinguent de ses contemporains (qui préfèrent les décors en marqueterie de bois précieux). A ce sujet notamment on pourra citer un critique[4] qui au contraire de son goût personnel reconnaissait
"les agréments et le bon goût des adaptations métallique de M. Majorelle. Choix de la place, dessin, patines, tout y concourt pur en faire une ornementation distinguée et plaisante".
Ici, les nénuphars semblent jaillir du sol, grimpant le long des pieds et se glissant jusqu’au bords des meubles et sur les côtés, comme pour tenter de s’élever au-delà des limites de la structure. Nulle outrance décorative pour autant : ces dorures sont pensées pour mettre en valeur le meuble en opposant leur brillant aux teintes sombres des bois précieux.
Cette alliance subtile entre les formes des meubles et le décor végétal s’envolant vers le ciel, apporte vie et dynamisme au mobilier de l’artiste qui réalise par la même une des dernières propositions formelles innovantes de l’Art Nouveau. En 1900, en effet, le mouvement est déjà aux prises alors avec une critique sévère. Cette dernière reconnait pourtant le talent de Majorelle et dira notamment de son décor aux Nénuphars :
"le principe de faire dériver les formes naturelles, qui est celui de M. Majorelle, est une grande erreur à mes yeux. Mais telle est l’ampleur avec laquelle M. Majorelle établit ses œuvres sur ce principe, que par moments je me demande presque, en les considérant, si ce n’est pas moi qui me trompe. Ce qui est certain, c’est qu’aucun artiste français ni étranger n’approche de lui sur ce terrain, même de loin"[5].
[1] Chrisitan Debize dans son introduction au livre de Roselyne Bouvier : Louis Majorelle une aventure Moderne, La Bibliothèque des Arts, Editions Serpenoise, Paris, 1991, page 5.
[2] où il présente un bureau, son siège et une grande vitrine-bibliothèque arborant ce décor
[3] Selon le critique G. M. Jacques in "Le Meuble Français à l'Exposition", L'Art Décoratif, Juillet 1900, page 147
[4] Octave Gerdeil, dans L’Art Décoratif en 1901
[5] Ibid.
De manière générale, la plupart des pièces de mobilier Louis Majorelle ont une valeur comprise entre 500 et 50 000 euros. Notre Maison de ventes aux enchères MILLON a notamment adjugé "Nénuphars". Un guéridon en acajou mouluré et sculpté à deux plateaux circulaires superposés, signé sous la base d'un tampon "Majorelle Décorateur R. de Provence Paris", au prix de 46 000 €.
Voici un tableau récapitulatif des prix des œuvres de Louis Majorelle dans différentes catégories :
Catégorie | Prix Minimum (€) | Prix Maximum (€) | Exemples de Ventes |
---|---|---|---|
Mobilier | 120 | 900,000 | Vitrine « Clématites » (5,096 €) |
Luminaires | 500 | 45,000 | Grande lampe de table (46,000 €) |
Objets | 80 | 25,000 | Candélabre « nénuphars » (29,942 €) |
Louis Majorelle est très coté sur le marché de l’art. Il figure dans le classement mondial des artistes les mieux vendus aux enchères. Son indice des prix est en augmentation depuis 2022.
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