Né en 1908 en Roumanie, Sanu Darie vécut une quinzaine d’années à Paris avant de s’installer à La Havane en 1941. La première exposition personnelle de l’artiste se tient en 1949 au Havana Lyceum, et est considérée comme le lancement de l’abstraction géométrique cubaine. Sandu Darié entretient à partir de 1949 une longue correspondance avec Gyula Kosice, artiste argentin né en Tchécoslovaquie, cofondateur du groupe Madi et précurseur de l’art non-figuratif en Amérique latine. Kosice partage avec Darié ses théories du rationalisme et du matérialisme, et participe ainsi à l’évolution du courant abstrait cubain dans les années 1950. Entre 1952 et 1953, Sandu Darié participe à la revue cubaine Noticias de Arte, dans laquelle interviennent également Mario Carreno et Luis Martinez Pedro. Les trois artistes exposent ensemble lors de la IIe Biennale de Sao Paulo en 1953, donnant une portée internationale au concrétisme cubain. En 1959 se forme le groupe « Los Diez » dont l’exposition inaugurale « 10 artistes concrets exposent leurs peintures et dessins » se tient à l’occasion du second anniversaire de la galerie Color-Luz, fondée par les artistes Lolo Soldevilla et Pedro de Oraa à La Havane en 1957. Los Diez souhaitent offrir une esthétique universelle et utopiste, à portée politique, comme une nouvelle forme d’engagement social. Les représentations sont purement non figuratives, et en cela veulent se distinguer d’autres courants de l’art abstrait pour lesquels les formes abstraites sont dérivées de celles de la nature. Darié déclare « Ceci est de la peinture concrète, car chaque peinture est une nouvelle réalité ». Dans cette recherche d’une nouvelle réalité l’artiste initie dans les années 1950 une série expérimentale de tableaux-sculptures cinétiques qu’il nomme « Estructuras transformables », qui défient le formalisme du cadre par la confusion entre l’œuvre et son support, et l’extensibilité de sa forme, modifiable. Le groupe Los Diez expose ensemble à trois reprises, publie trois portfolio d’estampes et se sépare en 1961. Malgré cette courte existence, le groupe eut un impact profond sur l’histoire de l’art cubain et le développement de l’abstraction internationale au XXe siècle. Constructiviste, au sens où l’était Mondrian, Fruhtrunk a voulu créer un nouvel espace grâce à une patiente et méticuleuse interprétation de plusieurs espaces, à une présentation plurivoque des formes, à un jeu précis, calculé, des contrastes. Distribuer les lignes, les angles, les intervalles et les plans colorés en sorte d’obtenir les rythmes les plus forts, les plus frappants, comprimer les éléments graphiques et les structures architecturales avec une telle intensité que la couleur reçoive sa pleine valeur de lumière et, au terme de son travail, donner le sentiment que rien ne pourrait en être retranché et y être ajouté sans que l’équilibre du tableau soit irrémédiablement rompu, voilà qui définit à peu près la position de Fruhtrunk dans le mouvement de l’art contemporain.