L'histoire des bijoux citadins marocains

L’origine

L'apparition des bijoux citadins marocains remonte aux civilisations romaine, berbères et arabo-andalouse. Chacune de ces cultures a laissé son empreinte, contribuant à la richesse et à la diversité des styles de bijoux en or marocains. Plus qu'un simple ornement, ces bijoux sont traditionnellement considérés comme des symboles de statut social et de richesse dans les villes marocaines.

Historiquement, la création de bijoux au Maroc est réservée aux artisans juifs. Jusqu'au milieu du XXe siècle, les bijoutiers juifs dominent presque exclusivement l'orfèvrerie marocaine, leur production s'adressant tant aux femmes juives que musulmanes. Cette prédominance s'explique en partie par l'interdiction faite aux musulmans de vendre des objets en or ou argent à un prix supérieur à leur poids, une restriction qui ne s'appliquait pas aux artisans juifs. Leur mobilité, souvent forcée, contribue à la diffusion de leur savoir-faire.

Techniques de fabrication

Le design des bijoux citadins marocains se caractérise par leur complexité et leur finesse. Les artisans maîtrisent des techniques telles que le soudage, le filigrane, le ciselage, le niellage, et le cloisonné, souvent rehaussées de pierres précieuses. 

En ce qui concerne le travail des métaux, il inclut non seulement la bijouterie, mais aussi la ferronnerie (utilisation du fer pour créer des grilles, des fenêtres, des balcons), le damasquinage (technique originaire de Syrie consistant à incruster des fils de cuivre, d'argent ou d'or dans le métal), la dinanderie (fabrication de pièces embouties) et le travail du maillechort (un alliage de cuivre, de zinc et de nickel au brillant similaire à celui de l'argent). L'argent et le cuivre, ainsi que leurs dérivés, sont les métaux principalement utilisés dans ces métiers.

En milieu urbain, l'or est privilégié, travaillé depuis longtemps dans des villes comme Fès, Meknès, Rabat, Marrakech, ainsi que dans le nord à Tétouan et Tanger, ciblant surtout la haute bourgeoisie. L'argent, quant à lui, est davantage utilisé en milieu rural, servant aussi à la fabrication d'armes blanches, comme à Tiznit, Taroudant et Essaouira, rendant ces bijoux accessibles aux populations moins aisées et aux habitants des campagnes.

Traditions et usages

Au-delà de leur valeur esthétique, les bijoux citadins marocains sont chargés de significations culturelles et parfois même religieuses. Ils sont notamment portés lors de cérémonies importantes, comme les mariages, symbolisant la beauté, la prospérité et le bonheur. Dans certains cas, ils peuvent également servir d'amulettes ou de talismans.

La préservation de ces traditions est essentielle pour maintenir vivant ce patrimoine unique. Des musées et des expositions, tant au Maroc qu'à l'international, contribuent à mettre en lumière ces bijoux, non seulement comme objets d'art, mais aussi comme témoins de l'histoire et de la culture marocaines.

En somme, les bijoux citadins marocains sont bien plus que de simples accessoires. Ils représentent un pan important de l'identité culturelle marocaine, un lien entre le passé et le présent, et un exemple éloquent de l'art et de l'artisanat dans ce pays riche en couleurs et en histoires.

Bijoux citadins marocains vs bijoux berbères

Les experts et spécialistes de la Maison de ventes aux enchères MILLON vous donnent leurs conseils et astuces pour reconnaître un bijou citadin provenant du Maroc et le différencier des bijoux berbères. Cependant, l’authentification d’un objet d’art peut être une tâche complexe. Il est fortement recommandé de faire appel à un expert pour reconnaître un bijou marocain authentique.

L'orfèvrerie citadine se distingue des bijoux ruraux au Maroc.

Les bijoux citadins marocains se caractérisent généralement par leur or finement ciselé, orné majoritairement de motifs floraux. Ils sont délicatement creusés et rehaussés de pierres précieuses en cabochon, telles que les émeraudes, les diamants, les grenats, et les rubis clairs, souvent appelés rubis de "Fès".

En revanche, les bijoux ruraux ou berbères sont exclusivement en argent. Un choix motivé moins par des considérations économiques que par la couleur blanche du métal, réputée protectrice. Les plus beaux sont fabriqués en argent, et d'autres en bronze. Ces bijoux se distinguent par la pureté de leurs lignes, les dessins géométriques et parfois les motifs floraux. La verroterie et la cire de couleur remplacent souvent les gemmes et l'émail dans ces créations.

Les parures comprennent souvent des frontaux, des bijoux de tête et de poitrine, ainsi que la fibule, un triangle généralement en argent, finement ciselé et agrémenté de pierres colorées. Les bracelets, larges et massifs, sont décorés de pointes pyramidales.

Le répertoire décoratif de ces bijoux comprend des motifs d'aigles, parfois bicéphales, ainsi que des pigeons et des colombes, souvent représentés en couple. Ces motifs d'oiseaux se retrouvent également dans les broderies d'or des « grandes robes » et sur les décors des contrats de mariage. Ils sont enrichis de calligraphies arabes.

En résumé, pour reconnaître un bijou citadin marocain veuillez prendre en compte :

Matériaux : les bijoux citadins marocains sont généralement fabriqués en or. C'est un signe distinctif par rapport aux bijoux berbères qui sont souvent en argent. Ils sont souvent ornés de pierres précieuses telles que des émeraudes, des diamants, des grenats, et des rubis, souvent présentés en cabochon (pierre polie et non taillée en facettes).

Motifs et design : les motifs floraux sont très courants dans les bijoux citadins marocains, avec des designs finement ciselés. Ces bijoux présentent une grande finesse dans le travail du métal, avec des motifs souvent très légèrement creusés. Ils peuvent également intégrer des éléments de calligraphie arabe ou des motifs géométriques.

Utilisation et signification : les bijoux citadins sont typiquement utilisés pour les grandes occasions et les cérémonies, comme les mariages. Ils sont un symbole de statut social et de richesse.

Techniques de fabrication : les techniques de fabrication des bijoux citadins marocains comprennent le ciselage, le filigrane, et parfois le niellage (incrustation de motifs en émail noir). Les villes comme Fès, Marrakech, et Tanger sont connues pour leur tradition de bijoux citadins.

Variété et exclusivité : chaque pièce est souvent unique, reflétant le talent et la créativité de l'artisan qui l'a fabriquée. Il existe une grande variété dans les styles, chaque ville ayant ses propres spécificités et traditions.

Si vous ne parvenez pas à reconnaître ou authentifier votre bijou citadin marocain, notre expert en Arts d’Orient et de l’Inde répond à vos questions dans un délai de 48h.

Anne-Sophie JONCOUX PILORGET

Exemples de bijoux citadins marocains

Un taj est un diadème ou une couronne, souvent porté par les femmes lors de cérémonies importantes comme les mariages. Il est caractérisé par un travail délicat et est souvent orné de pierres précieuses.

Les Khoras sont des ornements d’oreilles assez lourds et élaborés, attachés à la coiffure au niveau des tempes, typiques des parures de mariage traditionnelles.

Le Serdouk est un collier-médaillon, souvent avec un motif d’oiseau, réalisé avec un travail de filigrane et souvent orné d'émeraudes.

Les Tizerzaï sont une variété de fibules, souvent utilisées pour attacher un voile léger sur les épaules. Elles sont typiquement en argent, ciselées et parfois ornées de pierres colorées.

Les Debliz Shams wa qmar sont des bracelets, connus sous le nom de « soleil et lune », souvent fabriqués en utilisant à la fois de l'or et de l'argent.

Les Duwwah el-Mehdor sont des types de boucles d’oreilles, présentant différentes formes et styles. La paire se trouvant au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme est en or martelé et ciselé, sertie de corail et des perles baroques.

Le Tazra est un pendentif traditionnel souvent porté dans les ensembles de bijoux de mariage. Un pendentif de ce type en forme d’amande, en or ajouré serti de pierres fabriqué au Maroc à Fès ou à Meknès au XVIIIe-XIXe siècle s’est vendu 5.200 € lors d’une vente aux enchères.

Le Lebba est un collier généralement destiné au mariage en or et serti de pierres précieuses. MILLON en a récemment vendu un, provenant de Fès ou de Meknès et réalisé vers 1800, pour la somme de 59.000 €.

Estimer le prix de vos bijoux citadins marocains

Anne-Sophie Joncoux Pilorget, directrice du Département Arts d’Orient et de l’Inde au sein de la Maison de ventes aux enchères MILLON, vous donne quelques conseils et repères pour estimer le prix d’un bijou citadin marocain.

Matériau

La qualité et la pureté du métal (généralement de l'or) utilisé sont primordiales. L'or 18 carats, par exemple, a une valeur plus élevée que l'or 14 carats. La présence et la qualité des pierres précieuses (comme les émeraudes, les diamants, les grenats, les rubis) augmentent la valeur du bijou. La rareté, la taille, la couleur, la clarté et le type de taille des pierres sont des facteurs importants dans la détermination du prix de votre bijou citadin marocain.

Artisanat et techniques

Le niveau de détail et la complexité du design, ainsi que la finesse du travail d'artisanat (ciselage, filigrane, gravure) sont essentiels. Plus un bijou est complexe et finement travaillé, plus il est susceptible d'être valorisé. L'authenticité des techniques traditionnelles employées et la préservation des styles traditionnels peuvent également augmenter la valeur.

Provenance et historique

L'origine géographique du bijou (comme Fès, Marrakech, Tanger) peut influencer son prix, certaines régions étant réputées pour leur excellence en matière d'orfèvrerie. L'histoire du bijou, y compris son âge et son appartenance à des collections ou des familles notables, peut augmenter son attrait et donc sa valeur.

État et conservation

La condition générale du bijou, y compris l'usure, les dommages ou les réparations, a un impact significatif sur sa valeur. Un bijou bien conservé aura une valeur plus élevée qu'un bijou endommagé ou réparé de manière visible.

Rareté et exclusivité

La rareté du design ou du style, ainsi que la production limitée ou l'exclusivité du bijou, sont des facteurs clés. Un bijou unique ou rare sera généralement plus coûteux. Les tendances actuelles du marché et la demande pour des bijoux spécifiques peuvent influencer les prix. La popularité de certains styles ou matériaux peut varier avec le temps.

Tous ces éléments sont cruciaux dans l’établissement de la valeur d’un bijou citadin marocain. Il est recommandé de faire appel à un expert en Arts d’Orient et de l’Inde pour procéder à une expertise et ainsi obtenir l’estimation la plus juste.

Bijoux citadins marocains vendus chez MILLON

Une paire de fibules de Tiznit, Maroc, début du XXe siècle

En argent découpé et gravé, émaux jaunes et verts, corail, monnaies d'argent.

Adjugée 11.500 euros chez MILLON

Un rare "Lebba" - Collier de mariage, Fès ou Meknès vers 1800

En or jaune émaillé, diamants, émeraudes, rubis, saphirs.

Adjugé 59.000 euros chez MILLON

Un pendentif Tazra, Maroc, Fès ou Meknès, XVIIIe-XIXe siècle

En forme d'amande, en or ajouré serti de pierres (rubis, émeraudes, pierres blanches et imitations).

Adjugé 4.000 euros chez MILLON

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