Reconnaître un meuble Napoléon III

Caractéristiques, les meubles Napoléon III marquent toute une époque de l’histoire de l’art. Ébénistes et menuisiers de renoms ou anonymes créent des meubles de bois noirci, de poirier, donnent la part belle aux garnitures et passementeries. Ces meubles animent régulièrement les ventes aux enchères et sont recherchés des collectionneurs.

Le style Napoléon III est en vogue en France entre 1852 et 1870, soit durant les années de règne de l’Empereur. Également appelée Second Empire, ce style de mobilier reflète avant tout l’état d’esprit de cette époque. En pleine Révolution industrielle, la France voit émerger une classe de gens fortunés, en quête de distinction et d’objets raffinés pour orner leur demeure.

Le style Second Empire n’est pas pour autant réservé à la bourgeoisie ni à l’aristocratie. Il innove aussi par l’utilisation de matériaux plus accessibles, comme le papier mâché et le carton bouilli.

Brillant par son éclectisme, le style Napoléon III se distingue par une reprise fidèle ou mêlée des styles anciens : Louis XIV, Boulle, Louis XV et néo Renaissance, qui se mélangent avec bonheur au tout début de cette période.

Les meubles Louis XIV, en particulier les modèles arborant la marqueterie Boulle, redeviennent à la mode. Dans les salons, les décorateurs s’inspirent beaucoup du style Louis XV, en privilégiant le bois doré et la rocaille.

Les salles à manger se parent de mobiliers Renaissance, tandis que la chambre à coucher se remplit des plus belles créations d’inspiration Louis XVI.

Après une période de tâtonnement, le véritable style Napoléon III émerge. Il se démarque par sa formidable opulence et la richesse de l’ornement des boiseries. Les incrustations de nacres sont partout.

Les artisans font aussi parler leur maîtrise du poirier noirci, du bronze doré et de l’association du tissu enrichi de passementerie avec des essences de bois nobles. Les ébénistes comme Alfred-Emmanuel Beurdeley, Paul Sormani, Gabriel Viardot, François Linke et Charles-Guillaume Diehl ont su parfaitement matérialiser l’esprit du style Second Empire à travers leurs réalisations.

Ces créateurs de génie contribuent beaucoup à imprimer le style Napoléon III sur des meubles comme le fauteuil « l'indiscret » et « le confident », le pouf, la table à jeux, la commode, la boudeuse et la table basculante.

Les techniques

Les meubles Napoléon III utilisent principalement du bois sombre ou laqué noir. Le palissandre, l’acajou ciré ou veiné, l’érable, l’amarante, le bois de violette et le poirier noirci sont très populaires, de même que le pitchpin à partir de 1863. Ces matériaux présentent l’avantage d’être faciles à travailler, surtout avec les nouvelles machines-outils d’une France en pleine industrialisation. Autre atout non négligeable : ces matières sont peu coûteuses.

Les petits meubles contiennent également du cuir et du carton bouilli. Les incrustations de nacres, d'écaille, d’émail et de cuivre se retrouvent dans presque tous les modèles.

Les mobiliers Napoléon III n’ont pas piètement particulier. Les ébénistes laissent parler leur imagination et élaborent des pieds cannelés, des pieds cambrés ou des pieds de style Louis XV durant cette période. Les pieds à balustre sont plus rares.

L’ornementation laisse peu de place au bronze. Les motifs dépendent de la créativité et du savoir-faire de l’artisan. Néanmoins, des représentations de fleurs en bouquet, de nœuds, filets d’or, médaillons et de têtes de femme apportent une touche romantique aux meubles. Les marqueteries d’écaille et de cuivre reprennent les motifs des meubles Boulle.

Les innovations technologiques invitent le mobilier à s’orner d’une manière plus sophistiquée et diversifiée. La mécanisation participe à l’essor des écailles et laitons de la marqueterie Boulle. Le découpage en machine permet de réaliser un placage raffiné, constitué de feuillets de quelques millimètres d’épaisseur. En fonderie, les bronzes dorés deviennent plus cassants qu’au XVIIIe siècle. Ils sont d’ailleurs moins contrastés, l’écart entre le brillant et le mat étant diminué ce qui permet parfois de les distinguer.

Les particularités

Les meubles Napoléon III arborent une finition élégante, sans être dans l’excès. Le siège capitonné et les chaises en acajou ou en rotin sont des incontournables. Pour les fauteuils, les modèles en acajou d’inspiration Louis XV, le célèbre siège crapaud et le siège en carton bouilli marquent beaucoup le Second Empire. Les fauteuils disposent d’un dossier arrondi et décoré de paysages, d’oiseaux ou de fleurs.

La chauffeuse figure aussi parmi les meubles caractéristiques de l’époque Napoléon III. Cette chaise basse capitonnée n’a aucun bois apparent. Elle est aussi frangée jusqu’à terre. La borne, autre chaise emblématique du style Second Empire, fascine par sa forme circulaire et son dossier central conique. Ce meuble s’intègre parfaitement au centre d’un salon ou d’une autre pièce.

Dans la même veine, le pouf, l’indiscret, la boudeuse et le confident se parent de tissus colorés, vous pouvez en admirer dans les appartements de Napoléon III au Louvre. Ils sont aujourd’hui recherchés lors des ventes aux enchères. Les confidents sont souvent estimés entre 1000 et 2000 euros.

Le canapé Napoléon III offre entre deux et trois places. C’est un modèle bas, doté de passementerie et de dossier irrégulier ou arrondi. Le décor sculpté, les formes variées et les incrustations de nacres ou d’émaux habillent également les autres meubles de type Napoléon III, comme les bibliothèques, les jardinières, les lits, secrétaire et les bureaux.

Sous Napoléon III, de nombreux petits meubles naissent. Les tables gigognes, les travailleuses et les porte-manteaux.

Estimer la valeur d’un meuble Napoléon III

La valeur d’un meuble Napoléon III dépend de plusieurs facteurs. Les collectionneurs apprécient énormément les mobiliers très bien conservés, enrichis avec des décors de bronze, des incrustations et des motifs en marqueterie.

L’essence du bois, la technique de fabrication et la signature de l’ébéniste jouent également sur le prix. Enfin, un meuble passé entre les mains d’une personnalité politique ou d’un artiste célèbre, a tendance à être mieux côté qu’un modèle sans histoire.

Les critères suivants sont particulièrement déterminants sur les prix des meubles Napoléon III :

Le type de meuble

Certains meubles du Second Empire sont plus recherchés que d’autres, en raison de leur rareté et de leur affiliation à cette époque fastueuse. Les vrais passionnés ouvrent grand leur portefeuille pour s’offrir une authentique boudeuse Napoléon III par exemple. Ce canapé attire le regard par sa double assise dépourvue d’accoudoir, à la manière de deux fauteuils collés, mais placés dos à dos. La qualité des velours, des tissus et de la garniture joue aussi sur le prix.

Les bibliothèques et cabinets Napoléon III jouissent aussi d’une belle réputation auprès des collectionneurs. Des modèles se négocient à des dizaines de milliers d’euros sur le marché.

Les collectionneurs sont toujours attentifs aux autres belles pièces qui reflètent parfaitement l’esprit Napoléon III. Chaise volante, fauteuil crapaud, psyché, cartonniers et autres banquettes « Indiscret » ou « Confident » s’échangent facilement à des milliers d’euros.

Les ornements

Des figures réalisées en marqueterie Boule apportent une réelle plus-value à un meuble Napoléon III. Les œuvres finies avec du vernis Martin ou enrichies avec des décors à incrustation de nacre ou de plaques de porcelaine peuvent aussi atteindre des prix élevés.

Ces ornements offrent un meilleur rendu lorsqu’ils sont associés à du bois noirci et des décorations en laiton. Un meuble d’appui Napoléon III en marqueterie Boulle, attribué à la maison Krieger, est par exemple vendu 15 000 euros lors d’une vente publique.

Pour les poufs et les assises, les passementeries apportent une grande plus-value et permettent d’obtenir des prix élevés.

La signature

Véritables objets d’art, les meubles Napoléon s’apprécient aussi en fonction de la signature de l’artisan. Les œuvres de François Linke, Gervais-Maximilien Durand, Paul Sormani, Blaise Millet, Charles-Guillaume Diehl et Alfred Emmanuel Louis Beurdeley ne déçoivent pas sur le marché. Les ateliers l’Escalier de Cristal et Dasson produisent également des meubles d’une qualité exceptionnelle durant cette période.

L’état de conservation

L’humidité, la poussière, les vrillettes et les hespérophanes sont quelques-uns des ennemis des meubles Napoléon III. Ces agents extérieurs peuvent entraîner des fissures, des décollages, des manques de placage et autres dégradations de la façade ou d’un autre élément du meuble. Les métaux s’exposent aussi au risque d’oxydation et d’encrassement, tout comme les vernis, qui peuvent se décolorer.

Les acheteurs ont naturellement une préférence pour les meubles de belle facture, protégés contre ces intempéries. Toutefois, les œuvres en parfait état de conservation sont extrêmement rares, sinon inexistantes. L’estimation du meuble dépend dès lors de la qualité de restauration. 

La provenance

La provenance légale de l’œuvre joue aussi sur son prix estimatif. La valeur d’un meuble Napoléon III issu d’une ancienne demeure de l’empereur s’envole automatiquement. Le marché reste constamment à l’affût des objets ayant figuré dans l’inventaire de ses résidences à Fontainebleau, aux Tuileries, à Compiègne et, surtout, à Versailles. 

Records de ventes de meubles Napoléon III

Les meubles Napoléon III se négocient aux enchères entre quelques centaines et un millier d’euros. Toutefois, certains modèles rares valent une fortune. C’est le cas d’un cabinet à cigares en cèdre, adjugé 132 000 euros lors d’une vente publique en France en octobre 2018.

Il s’agit d’un cabinet en bois rare, qui existe en deux exemplaires seulement. Ce meuble de 1867 mélange les styles mérovingien et néogrec, avec des bronzes décoratifs et des ornements patinés montrant des têtes de reptiles, de batraciens et de lézards. L’œuvre porte la marque du dessinateur Jean Brandely, du sculpteur Emmanuel Frémiet et de l’ébéniste Charles Guillaume Diehl.

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Meubles Napoléon III adjugés chez MILLON

1. Notre maison adjuge 8400 euros un piano droit de forme rectangulaire de l’époque Napoléon III. Cet objet décoratif affiche des décors impressionnants, faits de coquilles, de feuilles d’acanthe, de guirlandes de laurier de têtes féminines sculptées. L’œuvre appartenait auparavant à Antoinette Lemonnier, cantatrice de l’Opéra-Comique et mère du maître joaillier Alexandre-Gabriel Lemonnier. Le prix d’estimation était fixé entre 5000 et 6000 euros.

2. Nous avons vendu un magnifique meuble à hauteur d’appui en bois noirci pour 1400 euros. Le style Napoléon III se reconnaît par la marqueterie Boulle, le décor de vases stylisés fleuris et les figures feuillagées en bronze doré des montants. Nos experts l’ont estimé entre 800 et 1000 euros. 

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