L’histoire de la harpe remonte à une époque très lointaine, au troisième millénaire av. J.-C. en Asie mineure, en faisant l’un des plus vieux instruments à cordes pincées. Si son apparence actuelle se dessine sous la forme d'un triangle formé par la colonne, le corps et la console, elle n'a pas toujours arboré cette forme. 

Au temps de la Grèce antique, elle se rapproche davantage de la lyre, tandis que sur les fresques égyptiennes, elle prend la forme d'un demi-cercle. 

L'utilisation fréquente de la harpe s'observe plus tard dans les pays celtiques puis nordiques. Au XIIIe siècle, l'Irlande la consacre en l'inscrivant sur son blason. La harpe celtique, légère et compacte, devient l'instrument de prédilection des bardes, des poètes musiciens, et des gens de cour. De son côté, la harpe irlandaise, plus imposante avec sa colonne fortement incurvée et ses cordes métalliques est réputée pour la beauté de son timbre.

Bien plus tard, les luthiers des XVIe et XVIIe siècles conçoivent des systèmes de chromatisme novateurs avec des harpes à double rangée de 58 cordes, des harpes triples à 78 cordes, des harpes à crochets manuels, etc.

Mais, c'est à la fin du XVIIe siècle, en 1697, que la harpe opère une véritable transition. Un luthier bavarois visionnaire du nom de Jacob Hochbrucker imagine l'idée ingénieuse d'utiliser les pieds du harpiste pour ajuster l'accord de l'instrument. Il crée ainsi la première harpe à pédales, ouvrant ainsi la voie à la harpe dite « moderne ». 

Certaines marques ou certains modèles de harpes peuvent être plus rares que d'autres en raison de la production limitée, de la cessation de la fabrication, ou de l'existence de variantes spécifiques.

L'une des harpes Érard les plus anciennes encore préservées est actuellement intégrée à la collection du musée de la musique de la Philharmonie de Paris, identifiable par son numéro de série unique : « 7 ».

En 1894, Gustave Lyon, alors directeur de la maison Pleyel, entreprend de réintroduire le concept des harpes chromatiques équipées de doubles rangées de cordes croisées. Bien que cette harpe connaisse un certain succès à l'époque, sa popularité est éphémère, et au décès de Gustave Lyon en 1936, elle disparaît quasiment de la scène musicale.

Une harpe « intégrale » chromatique, conçue et brevetée par Gustave Lyon en 1894, et produite à Paris vers 1900, est par exemple adjugée 6 500 euros lors d'une vente aux enchères à Paris. Ce modèle exceptionnel se distingue par son laquage vert orné de moulures rehaussées de feuilles d’or. Il présente une table en épicéa décorée de motifs « à l’antique », dans le style caractéristique des vernis Martin.

Aux enchères, vous trouverez des harpes dès 2000 / 4 000 euros et jusqu’à 20 000 euros environ.  

Une harpe à 7 pédales peinte, de style Louis XVI, signée Naderman à Paris et datée de 1775 se vend 24 000 euros lors d’une vente aux enchères en Suisse, pour un prix d’estimation entre 10 500 et 15 800 euros. Cet instrument à mouvement harmonique simple est finement sculpté en bois de cerisier avec des coquilles et des guirlandes, également peintes en polychromie avec des motifs d'instruments de musique, des paniers de fleurs et des nœuds sur un fond brun. Même si elle nécessite une restauration, cette harpe d’une hauteur de 164 cm attire les acheteurs, parce qu’il s’agit d’une création de Jean Henri Naderman.  

L'homme est l'un des plus éminents facteurs de harpe français du XVIIIe siècle, connu pour la création d'instruments magnifiquement ornés, sculptés et dorés. Tout au long de sa carrière, il montre une fidélité sans faille à la mécanique à simple mouvement, malgré les améliorations introduites notamment par son concurrent Cousineau.

En novembre 2021, un modèle Érard, richement décoré de peintures d'une rareté exceptionnelle et présenté à l'Exposition universelle de Vienne en 1873, est vendu 22 300 euros lors d'une vente aux enchères à Vichy.

Lors de cette même vente aux enchères, deux autres harpes de la fin du XVIIIe siècle, conçues par le père et le fils Holtzmann, sont également cédées à des prix bien supérieurs à leur estimation haute. La harpe du fils trouve preneur pour 7 100 euros, tandis que le modèle du père est vendu 4 700 euros.

Une harpe rare équipée d'un mécanisme à crochets, comprenant 38 cordes et 7 pédales, toujours fabriquée par Holtzmann Fils, est adjugée 8 900 euros lors d'une vente aux enchères à Paris. Cet instrument exceptionnel, estimé entre 8 000 et 12 000 euros, présente une table à trois niveaux, ornée de cinq percées circulaires.

La harpe est délicatement décorée d'un paysage lacustre, d'un entablement mettant en scène des attributs musicaux ou des cascades de guirlandes florales. La crosse en bois sculpté est laquée en noir et doré, dans le style de la Chine, avec des ornements représentant des personnages et des pagodes.

La chute est agrémentée de feuilles d'acanthe et de baguettes rubanées, reposant sur une console embellie de fleurs et de guirlandes de feuilles de chêne. L'instrument est signé à l'encre « HOLTZMAN Fils à Paris » sur la table, à la jonction avec la console. 

Voici quelques belles ventes de la maison Millon, de harpes anciennes.

- Une harpe à mécanisme à sept pédales en bois mouluré, sculpté et laqué est vendue 2 600 euros, pour un prix d'estimation entre 1 800 et 2 500 euros. La table est décorée de paysages et de pagodes dans le goût de la Chine et la crosse est sculptée de feuilles d'acanthe, de rinceaux et de feuilles d'eau. Cet instrument conçu à la fin du XVIIIe siècle possède une hauteur de 162 centimètres et une largeur de 92 cm ;

- une harpe à mécanisme à 7 pédales en bois mouluré, sculpté et laqué rouge et or, possédant une caisse cintrée à pans coupés percée d’ouïes. La colonne est cannelée et rudentée, surmontée de trophées, de draperies et d'un ruban retenant la crosse à enroulements. L'instrument est décoré de feuilles d’acanthe, de feuilles d’eau et d'épis de blé. Cette harpe du XIXe siècle, style Louis XVI de 163 x 92 cm est adjugée 1 000 euros pour un prix d'estimation entre 300 et 600 euros.