Une Panthère de Pompon en vente chez MILLON !
PANTHÈRE MARCHANT OREILLES COUCHÉES
« Remplacer le vêtement de poils et de plumes par un jeu savant de la lumière se développant sur toute la longueur de la bête, sans que rien ne l’arrête du museau à l’extrémité de la queue »
Avant d’accéder en 1922 à la reconnaissance du public, François Pompon travailla modestement à tailler les marbres et les pierres dont d’autres sculpteurs lui confiaient la maquette ou le plâtre. Humble et laborieux, l’artiste s’affirme ce faisant comme l’incarnation faite homme de cette formule 2 selon laquelle «la vie est faite de marbre et de boue». Le marbre, en effet, est le premier métier de l’artiste qui fût apprenti marbrier à 15 ans, tailleur de pierre durant ses études puis praticien dans l’atelier de Rodin dès 1890. C’est d’ailleurs auprès du maître que Pompon aurait pris ce conseil décisif 3 : «en copiant la nature fidèlement, vous trouverez votre style». Message reçu, et bien reçu, quand aujourd’hui c’est pour sa manière inimitable, qui dépasse la stylisation pour la synthèse, que Pompon est célébrée.
«Chaque animal est à part et Pompon s’offre à lui, on le trouve toujours disponible, dégagé de toute idée préconçue, s’effaçant lui-même pour se retrouver dans l’œuvre, recommençant chaque fois le patient labeur d’assimilation, évitant de répéter et de se paraphraser, cueillant le caractère à la pointe du ciseau en partant d’une vérité : la Vie »
Contemplons donc cette panthère. Quelle synthèse formelle et judicieuse du grand félin ! Le marbre dont elle issu est blanc et pourtant c’est dans son habit noir qu’on la voit tandis que son pas souple fait rouler les muscles des épaules. Toute la puissance de l’animal semble contenue dans le savant contrapposto choisi pour immortaliser sa marche, le poids reposant sur la patte avant droite tandis que la gauche glisse sans bruit sur le sol. On entendrait presque le feulement sourd de la bête, dont les oreilles plaquées le long du crâne indique qu’elle est à l’affût.
Une impression encore renforcée par les yeux, réduit à leur plus simple expression mais dont on entrevoit parfois - par la magie du sculpteur - les reflets d’ambre et de jaune. Chantre du travail «ad-vivum» (d’après-nature) l’artiste disait lui-même 5 : «Je ne saurais pas étudier un animal au repos. C’est le mouvement qui créé les formes et les rend expressives (...) C’est de loin qu’il faut observer un animal. De près vous ne voyez que le détail inutile. A distance, le sujet prend sa véritable signification (...) mais il faut encore simplifier, faire les sacrifices nécessaires, et déformer pour rendre expressif.» Par cette approche éminemment personnelle, Pompon parvient toujours à une silhouette essentialisée mais immédiatement reconnaissable. Ici, donc, une panthère, dessinée toute entière en une ligne souple depuis la pointe de la queue jusqu’au museau.
Dans un marbre blanc qui semble investi de la souple puissance du félin, Pompon réalise un véritable fétiche animiste, qu’on a envie de caresser pour sa douceur autant que par dévotion. Et à s’en approcher l’émotion se précise encore car la pièce a conservé quelques marques du compas du sculpteur qui forment le chemin pointilliste d’une communion avec sa vision. Fermez les yeux. Concentrez-vous sur l’image résiduelle laissée derrière vos paupières closes par cette sculpture. Ecoutez l’art de Pompon vous dire l’impression d’une panthère : «Sous la haute fougère elle glisse en silence, Parmi les troncs moussus s’enfonce et disparaît. Les bruits cessent, l’air brûle, et la lumière immense Endort le ciel et la forêt.»
1 Yvanhoé Rambosson in "François Pompon" en page 117 du Mobilier & Décoration de janvier 1932.
2 de Nathaniel Hawthorn dans La maison aux sept pignons, 1851.
3 Si l’on en croit Yvanhoé Rambosson en page 117 de son article (précité).
4 In L'Esprit Français du 6 janvier 1942, page 68.
5 Selon les propos rapportés par Edouard de Courrières dans son article "François Pompon" pour L'Art Vivant du 1er janvier 1925, page 21.