Estimation gratuite d’une sculpture fondue au sable : évaluation gratuite, guide et astuces
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"L’œuvre de Giacometti communique la connaissance de la solitude de chaque être et de chaque chose, et cette solitude est notre gloire la plus sûre."[1]
Alberto Giacometti naît à Borgonovo (Suisse) en 1901, treize mois avant son frère Diego. Précoce, il dessine dès l’âge de dix ans, réalise ses premiers tableaux à douze et étend son impérieuse maîtrise artistique à la sculpture en 1915, où il modèle la "petite Tête de Diego sur socle".
Après des études supérieures à l'École des Beaux-Arts de Genève puis à l’Ecole des Arts et Métiers, Giacometti voyage en Italie en mai 1920. Il y découvre les artistes de la Renaissance et expérimente "un déchirement dans la réalité" un jour où il croise des femmes qui lui apparaissent "immenses, au-delà de toute notion de mesure, leur être et leurs mouvements chargés d’une violence effroyable"[2]. En Italie également, Alberto connait un autre basculement définitif de son psychisme lorsqu’il voit mourir un homme dans un train. De ce drame, il dira[3] : "c’est à cause de lui que j’ai vécu dans le provisoire, que je n’ai cessé d’avoir horreur de toute possession".
Fort de cet état d’esprit ascétique, le jeune artiste rejoint Paris en 1922 pour entrer à l’Académie de la Grande-Chaumière et suivre l’enseignement d’Antoine Bourdelle. Au sein de l’atelier du sculpteur, les recherches de Giacometti ne cessent de se heurter à cette difficulté ontologique de traduire dans le domaine des formes une vision nécessairement empirique de la réalité. Il se tourne alors vers le Cubisme et réalise des sculptures marquées d’influences africaines et océaniennes qui seront présentées aux Salon des Tuileries de 1925 à 1927, année où Giacometti quitte l’atelier de Bourdelle pour s’installer avec son frère Diego dans un petit atelier rue Hippolyte-Maidron. L’année suivante, la Galerie Jeanne Bucher expose deux "sculptures plates" de l’artiste, qui sont vendues en quelques jours et lui obtiennent plusieurs commandes.
Ce premier succès encourage le décorateur Jean-Michel Frank à solliciter les frères Giacometti afin d’imaginer des luminaires et objets d’art pour ses aménagements. Cette collaboration durera de 1929 au décès tragique de Frank en mars 1941. À travers elle, Diego et Alberto Giacometti rencontreront une partie des amateurs mondains, galeristes et grands couturiers qui deviendront leur clientèle (comme Elsa Schiaparelli, dont Alberto décorera la boutique parisienne et pour qui il créera également des bijoux).
En parallèle, Giacometti se rapproche des Surréalistes, groupe qu’il rejoint officiellement en 1931 et au sein duquel il crée des sculptures caractérisées par un sentiment d’onirisme violent et d’incertitude angoissée comme la "Fleur en danger" (1932). En mai 1932, il a sa première exposition personnelle à la Galerie Pierre Colle, qui fera dire à un critique[4] :
"personne n’a exprimé comme lui l’angoisse actuelle. Il est l’homme qui brûle".
Autant stimulé que consumé par ce "feu" intérieur, Alberto Giacometti considère en 1934 qu’il doit "retourner aux sources et tout recommencer"[5]. Il a perdu son père en juin 1933 et sculpté en réaction sa "Tête-crâne" (1934), œuvre à partir de laquelle il s’abîme dans une fascination pour les têtes, qui lui semblent détenir le mystère du vivant et de ce qui fait l’être humain. Giacometti a désormais une obsession : "essayer de mettre en place une tête humaine."[6]
Ce retour à la figuration est désavoué par le groupe Surréaliste qui l’exclut en 1935. Alberto s’en moque et dira alors – la chose est assez rare pour être soulignée - s’être "senti heureux et libre."[7] C’est le début de la seconde période de son œuvre : une quête de la représentation de la réalité et du vivant pour laquelle, chaque jour, il sculpte, dessine et peint son frère Diego, la modèle professionnelle Rita ou son amie Isabel. Une nouvelle expérience signifiante pour Giacometti intervient en 1938, lorsqu’il est renversé par une voiture. L'artiste conservera en effet de l’évènement une légère claudication, comme un rappel que sa fascination pour le vivant est fascination pour ce qui résiste à la mort.
En juin 1940, la Wehrmacht occupe Paris et les frères Giacometti décident de fuir vers Genève. Parti le premier, Alberto sera le seul à y parvenir car les allemands suppriment tous les visas avant que Diego ne puisse quitter la France. Réfugié en Suisse, l’artiste commence à se diriger vers ses figures debout d’après-guerre en modelant la "Femme au chariot" d’après le souvenir de son amie Isabel. De retour à Paris en septembre 1945, Giacometti reprend ses recherches tout en encourageant l’émancipation créatrice de Diego, qui commencera alors à produire des sculptures animalières et du mobilier en métal.
Dans les années qui suivent, le nouveau style d’Alberto Giacometti s’affirme dans de hautes figures étroites et filiformes aux silhouettes allusives. L’artiste présente quelques-unes de ces sculptures à New-York en 1947, à la Galerie Pierre Matisse, parmi lesquelles un premier "Homme qui marche". La même année, Aimée Maeght lui commande trois de ces nouvelles sculptures à l’élan vertical. Puis, en 1950, Alberto Giacometti a sa première rétrospective au Kunstmuseum de Bâle, qui lui achète pour ses collections la sculpture "La Place". En parallèle, l’artiste réalise dans son atelier une série de sculptures où figure humaine et Nature se confondent en une homologie où les êtres debout sont les arbres d’une forêt et les bustes et les têtes des rochers ou des montagnes.
En juin 1951 a lieu la première exposition de l’artiste à Paris après-guerre, à la Galerie Maeght. Il y présente des œuvres déjà montrées à New-York ainsi que plusieurs autres de sa nouvelle manière filiforme et évocatrice, parmi lesquelles le "Chat" et le "Chien". En parallèle, les recherches de l’artiste voient ses motifs continuer à poursuivre l’obsession de la tête, des bustes et des figures. C’est la série dites des "Têtes noires", incarnations essentialisées auxquelles Jean-Paul Sartre s’identifiera pour dire de lui-même[8] qu’il est "fait de tous les hommes, et qui les vaut tous, et que vaut n’importe qui." Cette absence d’axiologie est en effet centrale et essentielle dans l’art d’Alberto Giaometti dont les portraits (peints ou sculptés) s’affranchissent des émotions et des normes esthétiques pour devenir des totems hiératiques. Extirpés d’un espace imaginaire né d’un travail d’après modèle et de mémoire, leurs traits et leurs expressions particulières se fondent pour incarner une quintessence d’humanité sur laquelle le spectateur projettera ses émotions et souvenirs propres. Refusant la perspective classique, Giacometti s’évertue par ailleurs à restituer ses modèles tels qu’il les voit, c’est à dire de manière partielle et déformée, toujours changeante.
Ces visions contrariées que favorisent sans doute l’excès de travail dans la poussière du plâtre, le manque de sommeil et l’abus de tabac éloignent l’artiste de la réalité tandis qu’il se demande sans cesse "comment rendre compte à la fois du détail et de l’ensemble, du profil et de la face, du devant et du derrière de la tête dessinée"[9].
En 1954 apparaît parmi ces "Têtes" celle de Jean Genêt, poète sulfureux avec qui Alberto Giacometti se lie d’amitié et qu’il prendra plusieurs fois pour modèle. Les deux hommes partagent en effet le vif sentiment de leur propre singularité et un émerveillement naïf pour la beauté du monde à laquelle ils se rattachent pour en transcender les aspects parfois sordides.
Travaillant sans relâche, Alberto Giacometti fait l’objet durant les Années 50 de plusieurs expositions et reçoit de prestigieuses récompenses dans la décennie suivante comme le prix Carnegie International en 1961 ou le Grand prix de sculpture de la Biennale de Venise en 1962. L’artiste restera pourtant toujours plus intéressé par ses recherches sur la vérité et l’essence de la Vie que par l’Art, ainsi qu’il l’exprima non sans provocation en affirmant : "dans une maison en flammes je sauverais un chat plutôt qu’un Rembrandt"[10].
Alberto Giacometti vivra assez longtemps pour voir la création à Zurich de la fondation portant son nom en 1965. Il s’éteint au début de l’année 1966, au terme d’une vie à ce point iconoclaste et singulière que de nombreux auteurs s’empareront de son parcours et de ses réflexions pour gloser sur le monde moderne. Parmi eux, le mot de la fin pourrait être laissé à Jean Genet qui se demandait[11] à propos des sculptures de son ami :
"encore que présentes ici, où sont donc ces figures de Giacometti (…) sinon dans la mort ? D’où elles s’échappent à chaque appel de notre œil pour s’approcher de nous".
[1] in Jean Genet : L’Atelier d’Alberto Giacometti, Paris, Mægth, 1957
[2] In Yves Bonnefoy : Alberto Giacometti, Biographie d’une œuvre, Flammarion, Paris, 1991, page 71.
[3] dans un entretien accordé à Jean Clay pour Réalités, numéro 215, décembre 1963, page 137.
[4] Anatole Jakovsky, tel que cité in Reinhold Hohl, Alberto Giacometti, op.cit. page 250.
[5] in Alberto Giacometti : Écrits, Hermann, collection "Savoirs sur l’Art", Paris, 1990, page 272.
[6] in Marcel Jean, Histoire de la Peinture Surréaliste, Seuil, Paris, 1959, page 227.
[7] in James Lord, Un portrait par Giacometti, Museum of Modern Art, New York, 1965, page 101.
[8] dans la phrase qui clôture son roman Les Mots de 1964.
[9] in Écrits, op. cit., page 262.
[10]in James Lord, Un portrait par Giacometti, op. cit. page 293
[11] in L’Atelier d’Alberto Giacometti, op. cit. page 4.
Selon l’entreprise française de cotation du marché de l'art, Artprice, les œuvres d’Alberto Giacometti se vendent principalement sur les marchés français, anglais et américain. La catégorie artistique la plus recherchée par les collectionneurs est la sculpture (à 84%).
Pour le moment, le record de ventes d’Alberto Giacometti est décerné à la sculpture en bronze intitulée L'homme au doigt et réalisée en 1947. L'œuvre éditée en exemplaires limités et mesurant 177,5 cm, s’est vendue plus de 112,5 millions d’euros lors d’une vente aux enchères organisées à New-York en 2015.
Exemples de prix par catégorie pour des oeuvres d’Alberto Giacometti selon Artprice :
Catégorie | Estimation moyenne* | Estimation haute** |
Sculpture & Volume | 2.490.359 € | 112.518.000 € |
Objet | 510.000 € | 1.397.154 € |
Peinture | 224.725 € | 21.483.200 € |
Luminaire | 204.153 € | 2.248.411 € |
Dessin & Aquarelle | 26.573 € | 1.099.420 € |
*Estimation moyenne en 2023. ** Prix records réalisés par catégorie.
La maison de ventes aux enchères MILLON est à votre disposition pour estimer le prix de votre œuvre d’Alberto Giacometti. Ces dernières atteignent régulièrement de beaux prix grâce au travail rigoureux de nos experts et à la visibilité des ventes sur le marché de l’art français et international.
La gamme de prix des sculptures d'Alberto Giacometti varie considérablement. Les petites figurines en bronze valent environ 14 000 euros, tandis que les grandes statues féminines, telles que "Grande femme II" (produit quatre exemplaires lors sa phase surréaliste) ou "Femme Leoni" (limitée à six exemplaires), peuvent atteindre près de 20 millions d’euros.
Un exemple frappant est l'une des éditions de "Femme qui marche I", issue de la collection de Hubert de Givenchy, vendue pour 23,5 millions d’euros. Le record de vente pour Giacometti est alors établi par l'une des six éditions de "Le Nez", adjugée à 59,7 millions d’euros.
Alberto Giacometti, un artiste toujours en quête de renouvellement, explore divers mouvements artistiques tout au long de sa carrière. Initialement formé dans une approche classique, il s'oriente ensuite vers le cubisme avant de plonger dans le surréalisme, tout en conservant un intérêt marqué pour l'art égyptien. À partir de 1935, il se recentre sur le figuratif et le travail d'après nature, privilégiant principalement le bronze et le plâtre pour ses sculptures.
Les œuvres en bronze de Giacometti sont estimées entre 1 500 euros et plus de 20 millions d’euros. Giacometti réalise généralement ses bronzes en plusieurs exemplaires. Parmi ces œuvres, les têtes sculptées par Giacometti, en particulier celles représentant son frère Diego, sont évaluées entre 25.000€ et 2 millions d’€. Les bustes, variés en taille et parfois montés sur socle, peuvent se vendre entre 100.000€ et 12 millions d’€, avec une préférence marquée pour ceux de Diego.
Il est intéressant de noter que "La Femme au chariot", créée pendant le séjour de Giacometti en Suisse entre 1941 et 1945, est considérée comme précurseur des différentes versions de "La Femme debout". Après 1945, Giacometti développe "L'Homme qui marche" dans le cadre d'un projet de monument pour Gabriel Péri.
Les figurines de Giacometti, y compris "La Femme debout" et "Le Chat", s'échangent entre 14.000 euros et plus de 20 millions d’euros. "Mère et fille", une petite sculpture en bronze de 1933, a été vendue pour 18 294 euros, reflétant les thèmes de la maternité et du mystère de l'existence dans son œuvre.
Les sculptures en plâtre d'Alberto Giacometti, marquées par leur singularité, se négocient entre 25 000 et 1,5 million d'euros. Elles incarnent une facette essentielle de sa technique artistique car le plâtre est un médium à part entière, et non juste une étape préparatoire.
Parmi les œuvres notables, on trouve une Petite figurine sur un socle prononcé datée de 1944, vendue pour plus de 26.000 euros et illustrant son approche figurative. De plus, une Tête qui regarde, issue de sa période post-cubiste, s’est vendue 561.544 euros.
Les experts du département MILLON, spécialisés en art contemporain, vous donnent quelques conseils pour estimer le prix de votre œuvre d’Alberto Giacometti. Cependant, pour obtenir une estimation fiable et juste, nous vous recommandons fortement de faire appel à un expert ou un commissaire-priseur.
L’authentification : la première étape est de s'assurer de l'authenticité de l'œuvre. Elle peut être confirmée par la provenance de l'œuvre, les marques de fonderie, les signatures, ou grâce à des experts.
L’état de conservation : les dommages, les réparations ou toute altération peuvent influencer la valeur d'une œuvre. Une œuvre bien conservée sera généralement plus valorisée.
La taille et les matériaux : la taille de l’œuvre, ainsi que le matériau (bronze, marbre...) peuvent également jouer un rôle dans la détermination de sa valeur.
La rareté : certaines œuvres d’Alberto Giacometti sont plus rares que d'autres. Une œuvre unique ou rare sera probablement plus chère que celles qui ont été produites en grand nombre.
La provenance : si l'œuvre provient d'une collection renommée ou a une histoire intéressante, cela peut augmenter sa valeur. Tentez de vous renseigner sur l’historique de votre œuvre en vous posant les questions suivantes : comment l’avez-vous obtenue ? Vient-elle d’une galerie ou l’avez-vous reçue en héritage ? Possédez-vous un certificat ou une facture d’achat ?
La demande sur le marché : l'intérêt actuel pour Alberto Giacometti peut influencer la valeur de l'œuvre. Les tendances du marché artistique fluctuent au fil du temps. Les experts et commissaires-priseurs sont parfaitement au fait de ses tendances et peuvent vous conseiller.
L’expertise professionnelle : pour obtenir une estimation précise, nous vous conseillons de consulter un expert en art ou un spécialiste des œuvres d’Alberto Giacometti. La maison de ventes aux enchères MILLON vous offre ses services d'estimation gratuite.
Faire estimer mon oeuvre d’Alberto Giacometti
Vous êtes en mesure de situer votre sculpture d’Alberto Giacometti sur le marché des ventes aux enchères, une fois ces éléments recueillis. Cependant, rien ne remplace l'avis d'un expert pour obtenir une estimation précise et actuelle.
Alberto GIACOMETTI (1901-1966), Lampadaire modèle dit "Tête de femme " ou "Figure" en bronze patiné. Signé sur la base "Alberto Giacometti" et marque du fondeur "Susse Fondeur Paris" et numéroté 057(marquage fondation Giacometti). H : 154 cm / Adjugée 155.000 €
Alberto GIACOMETTI (1901-1966), Broche, modèle Oiseau aux ailes déployées en argent 800 Millièmes / Adjugée 22.000 €
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