Né en 1886, Jacques Majorelle est le fils de Louis Majorelle, célèbre ébéniste et co-fondateur de l’École de Nancy.
Afin qu’il marche sur ses pas, son père l’inscrit dans la section architecture des beaux-arts de Nancy, bien qu’il souhaite se consacrer à la peinture. Louis part donc s’installer à Paris, où il suit les cours de l’académie Jullian, et complète sa formation par de nombreux voyages en Espagne, en Italie et en Égypte où il demeure de 1910 à 1914.
Cependant, démobilisé pour des raisons de santé (il souffre de la tuberculose), Jacques ne participe pas à la première guerre mondiale. C’est sur invitation du général Lyautey, proche ami de son père, qu’il part pour le Maroc en 1917 et s'installe à Marrakech. C’est une révélation pour l’artiste, qui en tire une source d'inspiration pour de nombreux tableaux : il peint les souks, la vie quotidienne. Il donne l'année suivante une première exposition dans le hall de l’hôtel Excelsior, à Casablanca, et reçoit des critiques plus qu’élogieuses.
En 1922, il achète une palmeraie au nord-ouest de la médina de Marrakech et s'y fait construire une villa-atelier qui rappelle le style de Le Corbusier, alternant entre le traditionnel marocain, l’architecture mauresque et le style Art déco (en vogue à cette époque).
C’est en 1930 qu’il donne une nouvelle dimension à son art, en commençant à peindre des nus de personnes noires, en expérimentant les couleurs, en mélangeant l’or, l’argent et le cuivré et en utilisant des poudres métalliques. Le mythe de l'Afrique noire est alors répandu, mais au-delà de l'effet de mode, le peintre semble réellement captivé par la beauté et la sensualité de ces femmes qu'il fait poser dans la végétation de son jardin. La consécration de cette nouvelle série se fera en novembre 1934 à la galerie Charpentier à Paris : parmi les 115 tableaux présentés, 95 rendent hommage à ces femmes.
Le bleu Majorelle voit le jour en 1937, lorsque Jacques décide de peindre sa villa de Marrakech et son atelier avec des couleurs vives, dominée par des tons bleus. Ce bleu est en fait un bleu outremer intense, légèrement violacé pour adoucir la couleur, censé inspirer la détente et la relaxation.
Pendant la seconde guerre mondiale, il effectue des séjours dans l'Atlas et organise une exposition pour financer les dépenses entraînées par l'entretien des jardins. Si l'exotisme est très présent dès les années 30 dans la vie du peintre, ce n'est qu'après la guerre qu'il se rendra en Afrique noire à la recherche des origines de ses modèles. Mais, si les sujets restent à peu près-identiques, la palette de l'artiste évolue. Dès le premier voyage la tonalité des tableaux change, les harmonies sont plus violentes, les couleurs plus vives.
En 1947, il décide d'ouvrir son jardin au public. Après des décennies à vivre reclus dans son atelier et à parcourir l'Afrique du Nord à la recherche de l'inspiration, l'heure est sûrement venue pour lui de mener une vie plus détendue et de se reconnecter avec son audience.
Il décède en 1962 à Paris, ville où il a été rapatrié à la suite d'une fracture du fémur. Il laisse derrière lui des créations colorées ainsi qu’une villa, un atelier et un jardin au Maroc.