3 mots sur : le dessin au fusain

Le fusain, simplement constitué d'un bâton de charbon de bois tendre et friable, offre une palette large et variée de gris et de noir assez intenses. Sa facilité à s’effacer en fait un choix particulièrement recommandé pour les dessinateurs débutants. Le fusain s’estompe en effet très bien au doigt, avec une gomme, une mie de pain ou un chiffon.

Contrairement à la pointe de métal, le fusain permet des variations dans le trait et la texture du dessin, grâce à la teneur en carbone du bois brûlé, la dextérité de l'artiste et les frottements au doigt qu'il réalise. Par ailleurs, le fusain se prête particulièrement bien aux aplats et au rendu des modelés.

Outil préhistorique, le fusain est utilisé à l’origine pour les esquisses à main levée de grandes compositions murales. Mais, son véritable essor dans l'histoire du dessin n'a lieu qu'à partir du XIXe siècle. Des dessinateurs de renom comme Seurat ou Redon sont séduits par ses traits noirs distinctifs, permettant la création de puissants effets de contraste avec le blanc du papier.

Reconnaître un dessin au fusain

Le fusain est un matériau très souple, mais très volatile. Les artistes utilisent donc souvent un fixateur pour maintenir la matière sur la feuille, provoquant son jaunissement très facile à identifier.

Les dessins au fusain se distinguent généralement par leur aspect velouté et mat. Le matériau offre également une diversité de textures dans les traits, permettant aussi bien de dessiner des lignes fines et précises que des aplats plus larges et plus flous. La capacité à obtenir des variations de tonalité est une caractéristique distinctive du fusain.

La présence de résidus de poudre de charbon de bois, que l'on peut observer sur le dessin lui-même ou sur le pourtour de la feuille est également un indice significatif.

Estimer la valeur d’un dessin au fusain

• L’artiste

Les collections de dessins d'artistes sont de moins en moins tenues secrètes. Jusque dans les années 1970, elles restent en effet entreposées dans les réserves des musées, car jugées trop fragiles pour être exposées.

Profitant d’un marché en pleine expansion depuis quelques années, les musées et institutions sont de plus en plus nombreux à ouvrir leurs portes aux dessins d’artistes. Les ventes aux enchères sont de plus en plus courues. C'est ainsi que les prix augmentent d’année en année.

Mais pour estimer un dessin au fusain, il est important de se renseigner sur la cote de l'artiste, dont dépend la valeur d'une œuvre.

Employé depuis la Renaissance par de grands noms comme Carrache, Léonard de Vinci ou Dürer, le dessin au fusain est également particulièrement apprécié des artistes issus du postimpressionnisme que sont Seurat et Degas par exemple. De nombreux dessinateurs modernes et contemporains comme Combas et Picasso utilisent également beaucoup le fusain.

• La rareté de l’œuvre

La rareté d’un dessin au fusain est aussi liée à la renommée de l’artiste et à l’histoire de l’œuvre. Égaré depuis sa dernière exposition au Philadelphia Museum of Art en 1948, un rare dessin au fusain et à l'estompe attribué à Henri Matisse datant de 1938 est par exemple redécouvert puis adjugé lors d'une vente aux enchères à Manosque en juin 2021 pour la somme de 220 000 euros.

L’artiste qui dit traduire ses émotions les plus pures à travers ses dessins maîtrise parfaitement l’art du fusain et réalise de nombreuses œuvres préparatoires pour ses peintures, dont certaines n’ont pas été réalisées.

• L'état de conservation

Si seuls les dessins de qualité trouvent preneurs, ceux réalisés par les plus éminents artistes peuvent être adjugés à des prix importants, même avec quelques dommages.

Un dessin de Picasso, marqué par une entaille, peut par exemple être restauré avec succès et mis en vente sans difficulté, parce qu’il est exceptionnel. Pour des artistes moins connus sur le marché, un dessin en bon état est toujours mieux valorisé.

Ces fourchettes sont indicatives et peuvent considérablement varier en fonction de l’artiste, de la signature, de la provenance, de l’historique, de l’état de conservation ou encore de la taille du dessin. 

« Portrait de Mme K. » est sans doute l'un des dessins au fusain les plus chers vendus aux enchères. Cette oeuvre du graveur et céramiste surréaliste catalan Joan Miro, réalisée en 1924 au fusain s'envole pour 12 900 000 euros lors d'une vente aux enchères à New York en 2001.

Dessins au fusain adjugés chez MILLON

Découvrez les dessins au fusain adjugés dans les ventes aux enchères de la maison MILLON et faites estimer le vôtre ! 

Les ventes les plus importantes concernent des pièces exceptionnelles. Découvrez quelques résultats de vente MILLON à des prix plus accessibles.

— « Projet pour la statue de la Liberté, in situ, devant Manhattan » par Auguste BARTHOLDI, un dessin au fusain, estompe et rehauts de craie blanche, signé et daté « 1875 » en bas à droite. Cette oeuvre visiblement en mauvais état, avec de nombreuses coulures, moulures, taches et pliures ne rebute pas les collectionneurs. Le dessin est adjugé 51 000 euros ;

— « Déménagement, études de cheval et carriole », vers 1881 par Henri de TOULOUSE-LAUTREC, un dessin au fusain et estompe de 48 x 46 cm. Il est annoté de la main de l'artiste sur la bâche de la carriole : « Déménagement », et comporte un cachet du monogramme rouge en bas à gauche (L.1338). L'oeuvre est adjugée 30 000 euros ;

— « Baigneuses dans un paysage », par Henri FANTIN-LATOUR, un dessin au fusain et rehauts de craie blanche sur papier bleu passé de 52 x 67 cm. L'oeuvre est annotée « Fantin » en bas à gauche et comporte des pliures. Le dessin est vendu 4 500 euros ;

— « Feuille d’étude avec danseuses pour la décoration du plafond du théâtre des Champs-Élysées », par Maurice DENIS, un dessin au fusain, estompe, rehauts de craie blanche et rehauts de gouache blanche de 40,8 x 68,4 cm. Il est monogrammé en bas à gauche et comporte une pliure horizontale dans le haut ainsi que des petits trous de punaise dans les coins. Cette oeuvre est adjugée 4 500 euros ;

— « Marie-Madeleine lavant les pieds du Christ et reprise des personnages dans la marge », par Paul SERUSIER, un dessin au fusain de 33,5 x 48,5 cm qui comporte des marques de pliures, des manques sur les bords et des déchirures. Il est adjugé 2 300 euros.

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