"Toute bonne sculpture suggère les sentiments qu'elle veut suggérer. "[1]
François-Raoul Larche (dit Raoul Larche) naît en octobre 1860 à Saint-André-de-Cubzac (Gironde). Après un bref passage à l'Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs, il est admis à l’Ecole des Beaux-arts de Paris où il suivra notamment les enseignements de François Jouffroy, Alexandre Falguière et Jean Léon Gérôme. Il expose pour la première fois au Salon de 1884 avant d’obtenir en 1866 le second Prix de Rome.
Néo-baroque et Art nouveau, sa sculpture est très appréciée de son temps pour ses lignes fluides et ses formes tourbillonnantes, notamment ses différentes représentations de la danseuse Loïe Fuller dont il rend superbement les voiles. Pleine du réalisme exubérant typique du début du siècle, la statuaire de Larche n’en est pas moins remarquable pour sa subtile compréhension des formes et de leur traitement. Sa manière, qui rompt subtilement avec l’art académique, lui assura une grande notoriété et lui vaut de réaliser plusieurs pièces d’éditions pour la fonderie d’art Siot-Decauville à Paris. Le sculpteur reçoit également quelques commandes officielles, notamment le groupe "La Musique" pour le Grand Palais (il reçoit à cette occasion une médaille d’Or à l’Exposition Universelle de 1900) ou la fontaine allégorique en marbre "Le Miroir d'eau, la Seine et ses affluents" en 1910. Raoul Larche est également auteur de plusieurs statues religieuses telles une "Jeanne d'Arc" pour l’église de Gagny ou "Saint-Antoine" pour l’Église Saint-Antoine-des-Quinze-Vingts à Paris.
S’il n’est pas passé à la postérité pour ce pan de son œuvre, Larche fût également peintre Symboliste puis Impressionniste. Il meurt prématurément en 1912 des suites d’un accident d’automobile, à l’âge de 52 ans. Le Salon des Artistes Français organise une exposition rétrospective de son œuvre à Paris, au Grand Palais, en 1920 tandis que le fond de son atelier du 4e Arrondissement de Paris est mise en vente à l’hôtel Drouot le 14 juin 1937.
[1] Charles Baudelaire in Curiosités esthétiques, 1868.
Oeuvres de Raoul LARCHE
La maison de ventes aux enchères MILLON vend régulièrement des œuvres de Raoul LARCHE. Florian Douceron, clerc spécialiste du département département Arts Décoratifs du XXe siècle, vous décrypte une œuvre phare de l'artiste :
"S'il était permis de manifester une préférence pour certaines des pièces si artistiques que M. Siot-Decauville a réunies, c'est sans doute en faveur des étains que les suffrages se manifesteraient en plus grand nombre. M. Siot expose au Salon des Champs-Élysées un surtout de table, la Mer, et une coupe en étain par Raoul Larche, d'une exécution parfaite, qui sont fort admirés des connaisseurs, et dont l'État vient de faire l'acquisition. La patine de ces étains est une pure merveille et l'impression ressentie en les voyant explique le succès auquel sont appelées ces délicates œuvres d'art (...) Les oxydations qui lui donnent ses patines si nouvelles n'ont pas dit leur dernier mot."[1]
Le voici ce surtout de table ! Sa pièce centrale abrite des Néréides qui supportent en guise de coupes de larges coquilles. Les pièces secondaires, elles, arborent deux Tritonnes supportant des conques marines faites pour mettre des fleurs. L’ensemble est stupéfiant, et l’on comprend son acquisition par l’Etat[2] en 1894 au Salon de la Société des Artistes français tant il y a dans cette pièce un accord unique entre l’héritage de la statuaire classique et la puissance évocatrice du Symbolisme. On ne peut qu’aimer cette pièce. Le poète[3] nous l’impose :
"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"